Le Minier. Rapport de fouilles programmées 2022
Résumé
The 2022 archaeological campaign concerns the remains of the medieval silver production of Le Minier (Aveyron department, Viala-du-Tarn commune). This valley was subject to a long period of mining and metallurgical activity in the central Middle Ages (12th-15th centuries), based on the intense exploitation of several rich silver deposits, in particular that of Orzals in the second half of the 13th century. The works had a polarising effect in terms of land occupation with the creation of a dedicated permanent settlement, consecrated by a consulate, and stimulating in economic terms with the concentration of workshops and businesses. The archaeological survey, strictly speaking, is part of a collective interdisciplinary research project entitled Le Minier: histoire et archéologie des entreprises argentifères médiévales (coordination: Nicolas Minvielle Larousse). The 2022 excavation campaign extends the archaeological diagnosis carried out in 2021. The operations focused on the most relevant sectors, i.e. the Saliège mine and the Voltes mines and workshops.
At Saliège, the excavations are underground and concern an abandoned logging site, filled in by alluvium and mining collapses. Progress was halted on a rising structure. At least part of the extracted material could be removed upwards and then started to be processed in the immediate vicinity of the work. Finally, other enrichment stages were probably carried out at the top of the mine, near the fields that yielded significant lead and zinc grades during prospecting. Questioned since 2019, the archaeological potential of the Saliège is no longer in doubt. In addition to the mine, processing areas or workshops are to be discovered at the bottom of the hill, and the halides need to be characterised and the overall chronology established.
At Les Voltes, the mining works are gradually being revealed, for the moment in the form of open-cast workings: two filled-in trenches and a gallery departure. This campaign confirms the existence of mining workings on a long north-west/south-east oriented fault. These works were partly open-cast and partly underground. We do not know if they are continuous, but we are beginning to perceive their extent, considering the importance of the fillings and excavations. Completely erased on the surface, the pits covered a large part of the slope and explain the surface metal contamination identified during the surveys. The current topography of the slope is therefore late, which also explains the absence of mining anomalies on the Lidar survey. The main question remains unanswered, however: no obvious mine entrance has yet been identified.
At Les Voltes, an ore preparation workshop was identified upstream of the mines during a survey in 2021. The survey was extended during the 2022 campaign, revealing at least five new workshops active in the second half of the 13th century. Two have masonry foundations and four are on posts. Although they have a relatively homogeneous architecture, are stratigraphically synchronous and chronologically contemporary, none of them are adjoining and no common facilities (drainage, etc.) were observed. All of them could therefore have been established independently of each other. The metal content of their soils distinguishes them, however, and reveals a process of ore preparation that may have been common: from the arrival of mixed materials to the gradual separation of galena and sphalerite, the former retained, the latter rejected. Just as their construction may have been contemporary, their abandonment also seems to have been common at the end of the 13th century, followed by an advanced recovery of materials and a process of levelling the site. The economic abandonment was probably linked to the abandonment of the mines, which prevents a fuller understanding of the activities that took place there due to the absence of furniture or other structures and tools that the workers took with them.
Finally, two new dates were carried out on coals contained in the fillings of the Cantamerle mine, located near the village of Le Minier. They are consistent with the first half of the 14th century. The charcoal dated in 2021 to the late Middle Ages therefore probably comes from the remobilisation of an old wood. Without ruling out earlier phases, these two new dates place the last workings of this mine in the late Middle Ages.
La campagne archéologique 2022 concerne les vestiges de la production argentifère médiévale du Minier (département de l’Aveyron, commune du Viala-du-Tarn). Cette vallée a fait l’objet d’une longue activité minière et métallurgique au Moyen Âge central (XIIe-XVe siècles), fondée sur l’exploitation intense de quelques riches gisements argentifères, en particulier celui d’Orzals dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Les travaux ont eu un effet polarisant en termes d’occupation du sol avec la création d’un habitat permanent dédié, consacré par un consulat, et stimulant en termes économique avec la concentration d’ateliers et d’entreprises. L’enquête archéologique, stricto sensu, s’inscrit dans une recherche collective interdisciplinaire formalisée dans un PCR intitulé Le Minier : histoire et archéologie des entreprises argentifères médiévales (coordination : Nicolas Minvielle Larousse). La campagne de fouille 2022 prolonge le diagnostic archéologique effectué en 2021. Les opérations se sont focalisées sur les secteurs les plus pertinents, soit la mine de la Saliège ainsi que les mines et ateliers des Voltes.
À la Saliège, les fouilles sont souterraines et concernent un chantier d’abattage abandonné, comblé par des alluvions et des effondrements miniers. La progression s’est arrêtée sur un ouvrage montant. Une partie au moins des matériaux extraits a pu être évacuée vers le haut, puis commencée à être traitée à proximité immédiate des travaux. Enfin, d’autres étapes d’enrichissement ont vraisemblablement été menées en contre-haut de la mine, à proximité des champs qui ont livré d’importantes teneurs en plomb et zinc lors des prospections. Questionné depuis 2019, le potentiel archéologique de la Saliège ne fait donc plus de doute. En plus de la mine, des aires ou ateliers de traitement sont à découvrir en contre-haut, des haldes à caractériser et la chronologie d’ensemble à établir.
Aux Voltes, les ouvrages miniers se dévoilent progressivement, pour le moment sous forme de travaux à ciel ouvert : deux tranchées comblées et un départ de galerie. Cette campagne confirme l’existence de travaux miniers sur une longue faille orientée nord-ouest/sud-est. Ces travaux étaient en partie à ciel ouvert et en partie en souterrain. Nous ignorons s’ils sont continus, mais commençons à percevoir leur envergure, considérant l’importance des comblements et déblais. Complètement effacées en surface, les haldes recouvraient une grande partie du versant et expliquent la contamination métallique de surface identifiée lors des prospections. La topographie actuelle du versant est donc tardive, expliquant aussi l’absence d’anomalies minières sur le relevé Lidar. La principale question reste néanmoins sans réponse : aucune entrée de mine évidente n’a encore été identifiée.
Aux Voltes toujours, un atelier de préparation du minerai avait été identifié en amont des mines lors d’un sondage en 2021. Le sondage a été élargi lors de la campagne 2022, mettant au jour au moins cinq nouveaux ateliers au moins actifs dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Deux ont des fondations maçonnées et quatre sont sur poteaux. Bien qu’ils bénéficient d’une architecture relativement homogène, qu’ils soient stratigraphiquement synchrone et chronologiquement contemporain, aucun n’est mitoyen et aucun aménagement commun (drainage…) n’a été observé. Tous ont donc pu être implantés indépendamment les uns des autres. Les teneurs métalliques de leurs sols les distinguent cependant et révèlent un processus de préparation des minerais qui a pu être commun : de l’arrivée de matériaux mixtes à la séparation progressive des galènes et sphalérites, les premières conservées, les secondes rejetées. De même que leur construction a pu être contemporaine, leur abandon semble aussi commun à la fin du XIIIe siècle, suivi par une récupération avancée des matériaux et un processus de nivellement des lieux. Abandon économique probablement, lié à celui des mines, qui empêche donc de saisir plus complètement les activités qui s’y déroulaient en raison de l’absence de mobilier ou d’autres structures et outils que les ouvriers ont remportés avec eux.
Signalons enfin que deux nouvelles datations ont été effectuées sur des charbons contenus dans les remplissages de la mine de Cantamerle, située à proximité du village du Minier. Elles concordent avec la première moitié du XIVe siècle. Le charbon daté en 2021 de la fin du haut Moyen Âge provient donc vraisemblablement de la remobilisation d’un vieux bois. Sans exclure des phases antérieures, ces deux nouvelles datations placent les derniers travaux de cette mine à la fin du Moyen Âge.