Communes créatrices
Résumé
Depuis près de quarante ans, le post-exotisme inventé par Antoine Volodine propose des dispositifs littéraires et fictionnels destinés à mettre en œuvre un nouveau partage des voix et des solidarités expressives. Le post-exotisme est à la fois le nom général de l’édifice et un monde d’après, après la fin des espoirs révolutionnaires et égalitaristes. Des résistants incarcérés continuent à faire entendre leurs voix et parlent de leur défaite, de l’enfermement, de leur révolte face à toutes les formes de domination, de leurs amours perdues, de la fidélité, de l’au-delà. Comme c’est un monde mobile, qui se déploie dans le temps, son peuple (à ce jour plus de mille noms) s’inquiète de tout ce qui a fait entrer la terre dans l’ère de sa propre fin, le désastre écologique, la disparition de l’homme en tant qu’espèce. En 1998, alors que cette « comédie posthumaine » ne comptait encore que dix-huit volumes, le collectif a fait paraître un texte manifeste, Le Post-Exotisme en dix leçons, leçon onze , où, pour la première fois, Antoine Volodine devait être considéré comme un personnage à part entière, la signature collective mettant en scène une relation égalitaire entre l’auteur, le narrateur et les personnages. La bibliothèque post-exotique donnée en fin de volume comptait 343 titres de textes rédigés par 72 auteurs indiquant que les membres de cette communauté pouvaient toutes et tous devenir écrivains. Ceux-ci inventaient des genres nouveaux – narrats, romånces, entrevoûtes, leçons, cantopéras, Shaggås –, qui rompaient avec la narrativité et la poétique traditionnelles. Ils annonçaient un œuvre complet à venir de 49 volumes, dont Débrouille-toi avec ton violeur est le 46e.