Nous souhaitons ici nous intéresser à la crise polymorphe qui frappe actuellement le Liban et qui se traduit de multiples manières dans le quotidien de populations hétérogènes (des enseignants, des habitants sinistrés par l'explosion du port de Beyrouth, des Syriens habitant dans la Bekaa, des communautés rurales du Sud du pays). Ces perspectives croisées nous mènerons à questionner la signification du terme de “crise” et à le replacer en contexte, prenant en considération l’accélération de dynamiques sociales déjà à l'œuvre et des tensions afférentes. Dès lors, la crise sera ainsi envisagée comme un outil de réflexion, agissant comme un révélateur de la gestion collective, quotidienne et locale des difficultés. Nos différentes communications s'articuleront à partir de trois questions de recherche. D’abord, nous tenterons d'objectiver les différentes réalités économiques vécues par les acteurs afin de prendre la mesure d'un quotidien en crise au Liban ainsi que des bricolages, adaptations et évitements opérés pour y faire face. Nous porterons ensuite le regard sur la façon dont la situation de crise agit sur les rapports sociaux et rapports de pouvoir, entre pérennité de structures préalables et instabilités quotidiennes. Enfin, la question de la réaction politique des acteurs à ce qu’ils subissent sera envisagée, autant dans l’expression du mécontentement par les acteurs que dans la tension entre mobilisation et démobilisation qui est apparue sur plusieurs de nos terrains.