La « sécularisation » des discours et des pratiques en contexte islamique : le cas du Parti pour la justice et le développement au Maroc
Résumé
By putting in the Moroccan context the concept of ‘multiple secularities’, this paper digs the process of conceptualization of ‘secularization’ at the initiative of the Islamist leader, Saadeddine al-Othmani. The latter supported the acceptability of a secular principle adequate to religion, its symbols and their presence in the political and public space. Through the analysis of his writings as well as of other leaders’ discourses, this article follows the compromises between religious and secular revendications during the process of conceptualization inside the PJD-MUR. Using the theories of ‘secularization’ and ‘de-théologisation’, this study highlights the strategy of ‘rejection’ and ‘adaptation’ developed by the PJD. Rejecting the hypothesis of a linear secularization of Islamist ideology, it also examines the ongoing or incomplete structural mutations resulted from the ‘distinction’ ( tamiyyîz) between the party and the movement, as well as between the socio-political spheres.
En recourant dans le contexte marocain au concept de « sécularités multiples », cet article s’interroge sur le processus de conceptualisation de la « sécularisation » à l’initiative notamment du leader islamiste, Saadeddine al-Othmani. Ce dernier a soutenu l’acceptabilité pour son parti d’un principe de sécularisation adéquat à sa compréhension de la religion, de ses symboles et de leur présence dans l’espace politique et public. À travers l’analyse de ses écrits ainsi que des discours d’autres leaders, cet article s’intéresse aux compromis entre les revendications religieuses et séculières qui se dessinent dans le travail de conceptualisation théologico-politique au sein du PJD-MUR. En s’appuyant sur les théories de la « sécularisation » et de la « dé-théologisation », cette étude met en évidence les stratégies et conduites de « rejet » et d’« adaptation » développées par le PJD. Rejetant l’hypothèse d’une sécularisation linéaire de l’idéologie islamiste, elle examine également les mutations structurelles en cours, partielles ou non, résultant de la « distinction » (tamiyyîz) entre le parti et le mouvement, ainsi qu’entre les différentes sphères d’activité islamistes.