COVoM : Covid On My Mobile

Céline Cholez; Iragaël Joly; Sandrine Astor; Monika Steffen; Vincent Roca; Shimizu Mika; Hamilton Bean

Résumé

A comparative and pragmatic study on contact tracing applications from intention to implementation, and test by use: France, Japan and Colorado More than any other crisis, the COVID19 pandemic has required the articulation of public policies in different fields, and with individual as well as collective behaviors. Considered as a passage point to support public health institutions and complete traditional epidemiological tools, digital contact tracing using smartphones has been a core innovation in response to the COVID-19 pandemic. Designed, developed, and put into service quickly, with many corrections made during the stage of final use by the citizens, this innovation opened debates regarding trust and privacy issues, both essential to its efficiency. Through a pragmatic approach, the COVoM project proposes an international comparative study of the strategies of public actors' and of the attitude of the citizens vis-à-vis CTAs, with focus on the different "adoption" trajectories, from the phases of intention, conception to final stage of implementation and use. The goal is to understand to what extent government choices can shape the citizens' decision to use or not such a health digital tool. The project will help policy makers, app designers, prevention operators, and professionals to identify the conditions under which digitalizing contact tracing can be relevant to the fight against pandemics. The mix of qualitative and quantitative studies deployed in the three countries cases The methodology is based on three main work packages and combines qualitative and quantitative surveys in France, Japan, and Colorado. The first two work packages tackle the policy content, and the technical as well as the organizational processes of innovation design that support the operation of digital contact tracing. First, we analyze, through a common grid, public data (newspaper articles, institutional reports, websites, and social network controversies) to identify how public authorities and institutions in charge of the covid19 pandemic have integrated mobile application tools within their strategies against the pandemic, especially within their “Test, Trace and Isolate” policy. Second, semi-directive interviews have been conducted with design teams of contact tracing applications in each country, which revealed the technological challenges and choices, the design trade-offs, and practical aspects such as the warning function efficiency. The third work package is dedicated to users’ and non-users’ adoption, based on a general population panel survey to identify the explanatory dimensions of people’s choices. Respectively, 2,000 people responded in Japan and France and 1,000 in Colorado. We processed a multinomial analysis to regress the probability of app use on the explanatory variables related to seven dimensions: Socio-demography, pandemic sensitivity, trust, digital ease, social influence, pandemic protection practices, and everyday life. Major results The analyses show major national differences between the tree countries as to the integration of the CTA into their “Test, Trace, and Isolate” strategies: France favored mass testing and financed large isolation, Japan restricted access to testing and only supported the isolation of declared covid19 patients, and Colorado mixed massive access to testing with a moderate support for isolation. Deep differences in the digital culture of health systems and in the understanding of privacy issues have influenced the choice of a sovereign public (France) or private (Japan, Colorado) solution, with consequences for monitoring capacity and efficiency assessment. These choices impacted the adoption process and use: 44, 3% of the 1,000 Coloradoan respondents have never heard of the CTA, 36% of the 797 Japanese respondents who had downloaded the CTA have uninstalled it, and 20,6% of the 967 French app user respondents never enabled the tracing function. In the three countries, four dimensions appear as associated with the adoption of CTAs' by citizens: sociodemographic characteristics, trust, social influence, and pandemic sensitivity. There is also a correlation with adherence to the instructions for testing, isolating, and human tracing. The daily life constraints, the protective practices against covid19, and digital habits do not significantly influence the CTA's adoption. The COVoM research offers the premises and the database to explore fundamental questions concerning the relationship of individuals to contamination risks. It also contributes to the sociology of public action digitalization and to the "crisis" innovation studies.

Une étude comparative et pragmatique sur les applications du traçage des contacts depuis l'intention jusqu'à la mise en œuvre et l’épreuve par l’usage : France, Japon et Colorado Plus que toute autre crise, la pandémie de COVID19 a nécessité l’articulation de politiques publiques de différents domaines et avec les comportements individuels et collectifs des citoyens. Considéré comme un point de passage pour soutenir les institutions de santé publique et compléter les outils épidémiologiques traditionnels, le traçage numérique des contacts à l’aide des smartphones a été une innovation fondamentale en réponse à la pandémie de COVID-19. Conçue, développée et mise en œuvre rapidement, avec de nombreuses corrections apportées en phase d’usage, cette solution a ouvert de nombreux débats sur les questions de confiance et de confidentialité, essentielles à son efficacité. A travers une approche pragmatique, le projet COVoM propose une étude comparative internationale des stratégies des acteurs publics et des attitudes des citoyens vis-à-vis de ces solutions, étudiant les différentes trajectoires « d'adoption » de ces applications, depuis l'intention politique jusqu'à la mise en œuvre. L'objectif est de comprendre dans quelle mesure les choix gouvernementaux peuvent façonner la décision des citoyens d'utiliser ou non ce type d’outils de technologie numérique pour la santé. Le projet aidera les décideurs politiques, les concepteurs d’applications, les opérateurs de prévention et les professionnels à identifier les conditions dans lesquelles la numérisation des contacts peut être pertinente dans la lutte contre les pandémies. La combinaison d’études qualitative et quantitative déployées dans les trois pays d’étude La méthodologie s'appuie sur trois work packages principaux et combine des enquêtes qualitatives et quantitatives en France, au Japon et au Colorado. Les deux premiers lots de travail abordent les processus de conception d’innovations politiques, techniques et organisationnelles qui soutiennent le fonctionnement des applications de traçage de contacts (ATC). Dans un premier temps, nous avons analysé, à travers une grille commune, des données publiques (articles de journaux, rapports institutionnels, sites internet et controverses sur les réseaux sociaux) pour identifier comment les pouvoirs publics et les institutions en charge de la pandémie de covid19 ont intégré les outils d'applications mobiles dans leurs stratégies de lutte contre la pandémie, en particulier dans le cadre de leur politique « Tester, Tracer et Isoler ». Ensuite, des entretiens semi-directifs avec des membres des équipes de conception des ACT dans chaque pays ont révélé les défis et choix technologiques, les compromis de conception et les aspects pratiques, tels que les problèmes d'efficacité de l'alerte. Le troisième volet de travail était dédié à l'adoption par les utilisateurs et les non-utilisateurs sur la base d'une enquête par panel en population générale, pour identifier les dimensions explicatives des choix des citoyens. Respectivement, 2 000 personnes ont répondu au Japon et en France et 1 000 au Colorado. Nous avons effectué une analyse multinomiale pour régresser la probabilité d'utilisation de l'application sur les variables explicatives relevant de sept dimensions : socio-démographie, sensibilité à la pandémie, confiance, facilité numérique, influence sociale, pratiques de protection contre la pandémie et vie quotidienne. Résultats majeurs Il existe des disparités entre les trois pays concernant l'intégration des ACT dans les stratégies de test, de traçage et d'isolement. La France a favorisé les tests de masse et a financé un isolement à grande échelle. Le Japon a restreint l'accès aux tests et n'a soutenu que l'isolement des patients déclarés covid19. Le Colorado a mélangé des mesures d’accès massif et gratuit aux tests et un soutien timoré à l’isolement. De profondes différences dans la culture numérique des systèmes de santé et dans la compréhension des questions de confidentialité ont influencé le choix d’une solution souveraine publique (France) ou privée (Japon, Colorado), avec des conséquences sur la capacité de contrôle et sur l’évaluation de l’efficacité des applications. Ces choix de politique et de design ont impacté le processus d'adoption et d'utilisation : 44,3% des 1 000 Coloradiens interrogés n'ont jamais entendu parler de l’ACT, 36% des 797 Japonais interrogés ayant téléchargé l’ACT l'ont désinstallée et 20,6% des 967 utilisateurs français de l’ACT n’ont jamais activé la fonction de traçage. Dans les trois pays, quatre dimensions semblent associées à l’adoption des ACT par les citoyens : les caractéristiques sociodémographiques, la confiance, l’influence sociale et la sensibilité à la pandémie. Il existe également une corrélation avec le respect des instructions de test, d’isolement et de traçage manuel. En revanche, des contraintes de la vie quotidienne, les pratiques de protection contre le covid19 et les habitudes numériques n'influencent pas significativement l'adoption d’une ACT. La recherche COVoM offre les prémisses et la base de données pour explorer des questions fondamentales concernant les relations des individus aux risques infectieux. Il contribue également à la sociologie de la digitalisation de l'action publique et de l'innovation « de crise », principalement via les technologies numériques.