Jusqu’en 70 ap. J.-C., la religion judéenne comporte des courants qui malgré leurs divergences ont en commun la croyance en un Dieu unique créateur du monde, l’importance reconnue au Temple de Jérusalem, sanctuaire de Yahweh où se déroule le culte sacrificiel, à la Torah et à la circoncision. Après la prise de Jérusalem et la destruction du Temple en 70, les courants sadducéens et zélotes s’effacent et la religion judéenne se recompose autour des pharisiens et des chrétiens. Ceux-ci se distinguent progressivement et se séparent vers 135 pour donner naissance au judaïsme et au christianisme. Pour les autorités romaines, la religion judéenne était la religion ethnique du peuple judéen, mais aussi celle de populations implantées à Rome et dans les cités romaines. Elles durent composer avec cette religion monothéiste très différente de leur propre modèle religieux (la Polis Religion), alors même que plusieurs conflits opposèrent Rome aux judéens de Palestine, cœur de la religion judéenne. En se distinguant du judaïsme, le christianisme issu de la religion judéenne ne fut plus considéré comme une religion ethnique par les autorités romaines. Les chrétiens furent traités comme des transfuges, ayant abandonné la religion judéenne ou les dieux civiques. En se détournant des dieux civiques, ils remettaient en cause la religion de la cité et pouvaient sembler menacer sa cohésion. Ces confrontations avec les monothéismes juifs et chrétiens éclairent la manière dont le pouvoir romain agissait dans la sphère religieuse à l’égard des pratiques considérées comme étrangères, dans le contexte du “marché des religions”, caractérisé par la mobilité et le pluralisme religieux. La réaction du pouvoir romain à ces défis lancés à son autorité fut parfois d’une grande violence, qu’il s’agisse des persécutions contre les chrétiens ou, plus encore, des guerres juives. À la différence des juifs, les chrétiens, dont la présence se fait de plus en plus visible dans les cités romaines, font l’objet de poursuites judiciaires. Face à ces persécutions, leur réaction associe critique des religions civiques et exaltation des martyrs, mettant ainsi à l’épreuve les autorités romaines et les communautés civiques dans la défense de l’ordre public et de la Polis Religion.