Les chaises volantes apparaissent comme les ancêtres de nos ascenseurs, tandis que les tables volantes, qui permettaient de se dispenser de la présence de domestiques autour de la table pendant le repas, sont demeurées sans descendance. Ces chaises et tables volantes ont connu un développement régulier dans les cours d’Europe du nord et de l’est (France, Danemark, Allemagne et Russie). En revanche, elles se diffusèrent peu et tardivement en Italie, tandis que l’Angleterre et l’Espagne les ont ignorées. Ces installations apparaissent comme une des applications pratique des connaissances dans le domaine de la mécanique, laquelle connut un essor spectaculaire à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle. Celles construites à Versailles, Fontainebleau, Choisy-le-Roi et à l’hôtel du Garde-Meuble de la Couronne, actuel hôtel de la Marine, ou projetés au château de Trianon, aux XVIIe et XVIIIe siècles ont généralement fait l’objet d’études et de publications mais ponctuelles et indépendantes les unes des autres. Ces diverses recherches retracent l’histoire de leur construction puis de leur existence de manière plus ou moins détaillée, sans toutefois expliquer leurs mécanismes. Cet ouvrage privilégie une approche générale et synthétique de ces différentes installations et projets, accompagnée de la présentation de leurs inventeurs. Les raisons politiques et sociales qui expliquaient le plus ou moins grand développement des tables volantes dans les différentes cours, nombreuses au Danemark mais rares en France, sont exposées avec les conceptions différentes de la fonction royale et de son exercice dans les différents pays d’Europe. Pour la première fois également sera abordée l’histoire de ces techniques, avec la présentation des principes mécaniques mis en jeu par leurs concepteurs pour leur fonctionnement, présentation accompagnée de la description précise et claire de leurs divers mécanismes. Les concepteurs employaient généralement trois des cinq « machines simples » que compte la mécanique, avec la poulie, la roue voire l’engrenage, complétés de cordes et de contrepoids. Cette simplicité n’était qu’apparente comme le révèle leur mise en pratique dans leur reconstitution, particulièrement ceux relativement complexes des tables volantes. Cependant, les informations et éléments apportés des dessins, des mémoires des artisans, des échanges entre le directeur des Bâtiments du roi et l’inventeur, les plans, les éventuelles descriptions des contemporains et les divers traités de mécaniques publiés aux XVIIe et XVIIIe siècles sont complémentaires et permettent de reconstituer avec une marge d’erreur minime ces divers mécanismes. Leurs reconstitutions virtuelles en 3D les plus rigoureusement scientifiques et précises possibles seront réalisées en partenariat avec la société Aristeas. Cette société est spécialisée dans la reconstitution scientifique de monuments historiques disparus (maison romaine, Marly, les Tuileries ou le Versailles de Louis XIV), ou bien de leurs états successifs à travers le temps (le Louvre, Fontainebleau, le Vatican). Ces reconstitutions 3D et toutes leurs ressources (angle de vue, détails, animations) permettront de saisir les problèmes auxquels leurs concepteurs se voyaient confrontés et comment ils les ont résolus alliant approches scientifique et pédagogique, afin de s’adresser autant à un public spécialisé que profane.