En 1715, cinquante années après le départ de Louis XIV pour Saint-Germain-en-Laye puis Versailles, Paris retrouve son roi. Depuis la fin des années 1660, les Parisiens déploraient la désaffection du roi pour la capitale, qui elle-même avait perturbé la représentation monarchique dans l’espace urbain. Mis à part pour quelques Te Deum et quelques cérémonies ponctuelles, Louis XIV ne reviendra que peu à Paris, distendant quelque peu le lien entre le souverain et son peuple, mais aussi la perception de l’image royale, incarnée dans le cérémonial de la cour et les cérémonies publiques. Après une courte transition à Vincennes, l’installation du jeune Louis XV au cœur de Paris va permettre de revivifier ce lien et de rendre à nouveau visible, par la remise en place d’un maillage urbain codifié, l’image publique et symbolique du monarque. Des Tuileries à l'Hôtel de Ville, de la chapelle royale à Notre-Dame, la dimension officielle et publique du souverain renaît peu à peu à travers les divertissements et les grandes cérémonies religieuses ou protocolaires, redonnant à la capitale sa dimension symbolique. Les principaux éléments du cérémonial de la cour sont restaurés, certes allégés – le roi est encore mineur et non encore sacré, et n’est donc pas encore en possession de sa pleine puissance politique et symbolique –, et les grandes églises de la capitale accueillent à nouveau le souverain lors de grandes cérémonies. Outil essentiel du cérémonial royal, emblème sonore de la majesté, la musique va contribuer à cette reconquête symbolique et à ce renouveau. Ainsi, la Musique du roi, légèrement réorganisée, va participer à la re-solennisation de la résidence royale, à travers la remise en place des éléments emblématiques du cérémonial (Grand Couvert, messe en musique), mais aussi à « remettre en sons » le maillage urbain de la représentation royale, rehaussant et solennisant les déplacements – effectifs ou symboliques – du roi dans les différentes églises parisiennes.