Il y a près de 40 ans la charte d'Ottawa posait les grands principes de la promotion de la santé en définissant cinq domaines d'actions prioritaires dont celui de créer des milieux favorables. L'École, en tant que lieu éducatif, est alors pensée comme un lieu protecteur et producteur de pratiques salvatrices. Dans l'enseignement professionnel, cette dernière doit partager cet impératif avec les lieux où s'exercent le travail. La promotion de la santé au travail devient ainsi une des compétences nécessaires à l'apprentissage des lycéens ou des apprentis afin de garantir leur santé tout au long de leur vie. Cette recherche menée en Nouvelle-Aquitaine dans les centres de formations d'apprentis et les lycées professionnels de la métallurgie indique que cette relation entre l'École et l'entreprise peut être un frein dans l'appropriation des pratiques de santé au travail. L'enjeu est pourtant important puisque l'industrie représente 16 % des accidents du travail en France et les ouvriers français ont sept fois plus de chance d'être touchés par ces accidents que les cadres. Ce contexte de santé au travail, nous amène à questionner la socialisation des lycéens et apprentis à la santé et la sécurité au travail. Nous avons réalisé un travail d'immersion dans les ateliers des établissements. Une enquête mixte a permis de réaliser 27 entretiens semi-directifs, d'observer les ateliers durant près de 275 heures et de recueillir 278 questionnaires auprès de cette population. Cette communication se base sur ces éléments et mobilise une étude de cas. Les résultats mettent en lumière que malgré la conscience du danger présente dans les ateliers, les lycéens et apprentis de la métallurgie sont nombreux à être confronter aux accidents du travail. Les observations indiquent que la culture industrielle diffusée aujourd'hui dans l'enseignement professionnel vient contrecarrer la culture de prévention des risques. Soumis à une politique d'employabilité depuis les années 1980, le système scolaire fait face aujourd'hui à une dépendance vis-à-vis du champ économique qui conduit l'école à fermer les yeux sur les conditions d'apprentissage, dont les conséquences peuvent être une suraccidentalité chez les lycéens et les apprentis de la métallurgie.