En Polynésie française, l’enseignement de la sociologie, mis en place de manière relativement récente dans les formations du supérieur, fait face à un double défi : l’absence d’outils didactiques de référence pour cette discipline et la forte incitation à contextualiser les savoirs (Auteur 2, 2022 ; Delcroix, 2019 ; Delcroix, Forissier & Anciaux, 2013). Cet article propose un éclairage réflexif sur la préparation et la mise en oeuvre de dispositifs d’initiation à la sociologie dans ce contexte et à la lumière de récents travaux dans le domaine (Albe, 2009 ; Mondain, Goudiaby & Jacquemin, 2021 ; Woollven, 2019). L’analyse s’appuie sur quatre expériences d’enseignement à la fois riches et diversifiées, récentes ou en cours, réalisées entre 2021 et 2023 : en formation initiale universitaire (« introduction aux méthodes d’enquête en sciences sociales ») auprès de jeunes adultes étudiant en deuxième année de licence de droit (1), en formation initiale en institut privé (« cartographie des controverses sociales ») dans le cadre de la licence sciences sociales, auprès des étudiants de L1 et L2 (2), en formation continue universitaire (« initiation à la recherche en ingénierie sociale ») dans le cadre d’une formation pionnière préparant les professionnels du secteur sanitaire et social au diplôme d’état en ingénierie sociale (DEIS) (3), et enfin au sein de modules de formations courtes (« du débat social à la sociologie ») de réinsertion professionnelle du régiment du service militaire adapté (RSMA) auprès de jeunes adultes issus de milieux défavorisés (4). Trois moments de l’expérience didactique sont pris en compte : la préparation de l’enseignant.e (en amont), l’expérience de classe en s’intéressant aux interactions (pendant) et le retour d’expérience de l’enseignant.e en lien avec les résultats de l’acquisition des compétences par les étudiants (après-coup). Sur cette base, l’article met en exergue les difficultés à l’oeuvre dans les pratiques expérimentales déployées en vue de l’acquisition d’une compétence clé (Perrenoud, 1995) en sociologie (la capacité de distanciation vis-à-vis des faits sociaux), dans un contexte marqué par une liberté pédagogique forte et l’absence d’outils didactiques de références.