L’article commence par définir l’objet de l’étude : la plaque de pierre dite khatchkar (de l’arménien khatch = croix et k’ar = pierre), portant l’image sculptée de la croix-arbre de vie. Dès sa création au IXe siècle, cette forme propre à l’Arménie médiévale est attestée en Artsakh où l’on en trouve près de deux mille exemples. L’article évoque les principales étapes de cet art. Les premières pièces présentent la formule de base, traitée avec retenue : une croix plus haute que large du pied de laquelle partent deux grandes feuilles recourbées. Souvent deux grappes de raisin poussent aussi du bras supérieur de la croix. L’évolution au cours des siècles se fait dans le sens d’un enrichissement de l’ornementation sculptée, avec introduction au XIIIe siècle de la figuration humaine : au sommet de la plaque l’image triomphale du Christ et, au pied de la plaque (dans le cas fréquent d’un khatchkar funéraire), la figure du défunt, souvent – surtout en Artsakh – en cavalier armé. L’apogée de cet art se situe à la fin du XIIIe siècle avec des œuvres d’une grande sophistication. Les deux khatchkars de Dadivank sculptés en 1283 en sont les exemples les plus éloquents.