Cette recherche avait pour objectif la réalisation d’une étude comparative France-Inde des pratiques et idéologies transmises au sein des formations de yoga issues de la lignée de T.K.V. Desikachar (1938- 2016) sous l’angle du genre. À la fois école de yoga et institut de formation d’enseignant·es de yoga, le yoga issu du KYM se distingue par trois traits singuliers d’autres formes de yoga. Premièrement, à la différence d’autres « écoles » marquées par l’enseignement d’enchainements et de postures reproductibles et enseignées de manière collective, le KYM se targue de transmettre un enseignement individualisé qui s’adapterait au profil de chacun.e en fonction de son âge, ses aptitudes physiques, son métier voire même sa culture. Plus que nul autre yoga l’enseignement transmis dans le KYM est le fruit de logiques d’adaptation, de reformulations voire d’inventions. Deuxièmement, le succès de ce yoga hors de l’Inde s’est concentré principalement en Europe, notamment en Allemagne et en France où il compte plusieurs élèves qui ont, à leur tour, monté leur propre formation d’enseignant·e·s. Troisièmement, le KYM est aujourd’hui reconnu par le gouvernement indien comme l’un des cinq centres leaders indiens de la formation d’enseignant·es de yoga. Ses dirigeants appartiennent au petit cercle chargé au niveau national de définir la profession d’enseignant·e.s de yoga, conférant à cette lignée un poids de mise. Il s’agissait dans cette recherche de questionner les « comportement de genre » (Goffman, 2002) spécifiques, les manières particulières de considérer, de tenir et d’exercer son corps, socialement interprétées comme « féminines » ou « masculines » (Mennesson, 2004) ; les représentations genrées du monde et plus largement sur les configurations de genre (Connell, 1987) de la pratique du yoga KYM. La recherche comparait les modes d’enseignement en Inde et leurs appropriations en France. Elle se focalisait sur les variations de sexe, de classe et de race (au sens de processus de racialisation) selon les contextes. L’enjeu principal était la compréhension des modalités de production, d’appropriation et d’incorporation de cette forme de yoga, par formateur.trices ordinaires exerçant en France en comparant leur contexte indien de formation et leur contexte français d’exercice.