Reconfigurations of the mediterranean imaginary in contemporary rewritings of the Odyssey by female writers: the example of Circe, by Madeline Miller
Les réécritures contemporaines de l'Odyssée au service de la reconfiguration de l'imaginaire méditerranéen : l'exemple de Circe, Madeline Miller
Résumé
In this paper, I will argue that Madeline Miller, a contemporary writer, reconfigures our imaginations by casting the character of Circe in place of Odysseus, the quintessential representation of the Mediterranean man. Throughout her story, in between the adventure novel and the coming-of-age novel (Bildungsroman), the author seeks to revise a literary tradition considered sexist: indeed, the women characters of the Odyssey, although numerous, are left behind on the shore by the hero or assume the agonistic part of the epic poem. The novel Circe thus challenges the great heroes of the ancient Greece and the values they are standing for, and outlines a subversive counter-Odyssey in which Odysseus’ part is downplayed. This substitution of Circe for Odysseus is indeed a way to achieve a degree of “gender trouble” (Judith Butler) which contaminates the literary genre in order to renew epicism. The paper finally questions the limits of this reversal and draws upon the ecofeminist and the ethics of care theories in order to demonstrate that the novel performs a real “revisionist mythmaking” (Alicia Ostriker) of the Mediterranean man, rather than a feminine reconduction of this structuring figure in the collective imaginary. The myth of Circe and its rewriting by Madeline Miller initiates a fruitful examination of some most contemporary issues, particularly the search for a new ethics of the community which would deconstruct the traditional patterns of domination that Christa Wolf identified in the Mediterranean space as the “patriarchal South”.
Cet article explore la manière dont l’autrice contemporaine Madeline Miller reconfigure nos imaginaires en campant le personnage de Circé en lieu et place d’Ulysse, représentation par excellence de l’homme méditerranéen. Par son récit, à la croisée du roman d’aventure et du roman d’apprentissage (Bildungsroman), l’autrice cherche à réviser une tradition jugée sexiste, alors que les personnages féminins de l’Odyssée, pourtant nombreux, sont laissés sur la rive par le héros ou bien endossent des rôles agonistiques. Le roman Circe fait donc le procès des grands héros antiques et des valeurs qu’ils représentent, et esquisse une contre-Odyssée toute subversive dans laquelle Ulysse tient une moindre place. Cette substitution de Circé en Ulysse n’est pas sans « troubler le genre » (Judith Butler) au sens de gender, et ce trouble gagne un genre littéraire qui cherche à renouveler l’épicisme. L’article interroge en définitive les limites de cette inversion, et s’appuie sur les théories écoféministes et de l’éthique du care pour voir dans ce roman une véritable « révision mythopoétique » (Alicia Ostriker) de l’homme méditerranéen, plutôt qu’une reconduction au féminin de cette figure qui structure nos imaginaires. Le mythe de Circé et la réécriture qu’en propose Madeline Miller permettent un examen fécond d’enjeux tous contemporains, notamment la recherche d’une nouvelle éthique du commun déconstruisant les relations traditionnelles de domination que Christa Wolf a pu identifier en Méditerranée comme le « Sud patriarcal ».