Parce qu’elle combine traçabilité et proximité, la vente directe réaffecte un produit alimentaire à une portion spécifique de l’espace terrestre, celle que travaille l’agriculteur, à savoir une exploitation agricole au sein d’un paysage qui est aussi un terroir. Parce qu'elle maintien un lien concret, physique, direct, entre l'habitant et celui ou celle qui travaille la terre, la vente directe relie dans un même mouvement l'habitant, le produit, l'agriculteur et le terroir dans ce qu'Augustin Berque (2000) appelle une prise écouménale. Nous cherchons ici comment peut se comprendre un tel mouvement vers la concrétude, en mobilisant les concepts d’écoumène (le but) et de médiation (le moyen) pour construire une problématique de la vente directe en tant que facteur possible d’humanisation. Après avoir défini comment nous comprenons l’écoumène et la médiation, nous préciserons ce que nous entendons par médiation écouménale, avant d’examiner en quoi l’agriculteur vendeur direct peut se comprendre comme un médiateur écouménal, en situation de restaurer chez ses clients consommateurs le lien écouménal éventuellement affaibli par la rationalité moderne et urbaine.