Parmi le riche répertoire des sceaux-cylindres d'Ugarit, publié en grande partie dans les deux corpus établis respectivement par Claude Schaeffer (1983) et Pierre Amiet (1992), des pièces se distinguent par l'originalité de leur décor. Dans le cadre de cet article, notre intérêt se portera sur un document découvert en 1935, au cours de la septième campagne de fouille, sur le site de Ras Shamra. Il s'agit du sceau-cylindre en chlorite RS 7.120 (fig. 1), conservé dans les collections du musée du Louvre (AO 18548) 1. Son décor, qui se développe sur toute la hauteur du sceau, avait déjà retenu notre attention 2. Nous en proposons ici une nouvelle analyse, fondée sur l'examen du sceau 3 et de la documentation archivistique. Dans son ouvrage sur les sceaux-cylindres en pierre de Ras Shamra, Pierre Amiet avait retenu plusieurs éléments caractérisant la production du Bronze récent : la « prolifération des "styles" » et la grande diversité de facture, un « déclin presque général de l'art du graveur syrien », de même que le manque d'une contextualisation chrono-stratigraphique fiable. Par conséquent, le savant avait privilégié, pour une part importante du répertoire, une classification iconographique, tout en soulignant la nécessité de consacrer aux oeuvres les plus remarquables des analyses plus approfondies 4. La composition gravée sur le sceau RS 7.120, exceptionnelle par sa richesse et par l'association des motifs qui la composent, justifie une telle approche. Le champ décoratif inscrit entre deux lignes horizontales incisées est organisé en deux tableaux, chacun faisant intervenir deux personnages qui se font face. De nombreux motifs accompagnent les figures anthropomorphes : des meubles et des vases, une torsade, un animal, ainsi que plusieurs motifs dont l'identification n'est pas assurée (motifs géométriques, motifs en forme de croissant, motif végétal). Des caractéristiques singularisent le décor de ce sceau au sein du corpus ougaritique ; tout au long de l'exposé, nous soulignerons ces spécificités et tenterons de proposer une analyse iconologique, en dépit des difficultés d'interprétation qu'il pose.