Les trois années passées par le conservateur Louis Hautecoeur à la tête des Beaux-arts en Égypte représentent une période féconde pour son œuvre d’historien d’art : il en tira notamment une somme sur les mosquées du Caire corédigée avec l’historien Gaston Wiet. Le bilan est plus mitigé sur le plan de l’action publique : s’il lança de nombreux projets, peu aboutirent. Ses papiers privés conservés à l’Institut de France éclairent quelques-unes des difficultés auquel il fut confronté en tant que membre français du gouvernement égyptien. Ils montrent aussi combien ses prises de position en faveur des arts populaires égyptiens furent mal comprises et les malentendus profonds que celles-ci continuent à générer jusqu’à aujourd’hui. L’épisode jette une lumière crue sur la difficulté des relations franco-égyptiennes dans le contexte de double décolonisation politique et culturelle ouvert par le recul de la mainmise britannique après 1922 et le reflux concomitant de l’influence culturelle française. Il renseigne également sur les méandres et les aléas de la diplomatie d’influence mise en œuvre par la France en Égypte. Un pan méconnu de la vie culturelle et du fonctionnement des institutions culturelles égyptiennes durant l’entre-deux-guerres se trouve ainsi révélé par des sources françaises inédites.