Depuis 2018, à Jublains (Mayenne), l’acquisition à large échelle de données grâce à la mise en œuvre de prospections au ground penetrating radar (GPR ou géoradar) renouvelle considérablement notre connaissance de la ville antique de Nouiodunum, chef-lieu de la cité des Aulerques Diablintes. L’analyse et l’interprétation de ces données, recueillies dans le cadre de plusieurs campagnes conduites sur une surface totale de 9,2 ha par les équipes d’Analyse Géophysique Conseil (AGC ; Th. Jubeau et G. Caraire, 2018-2021) puis de l’ENS – AOrOc UMR 8546 (M. Dabas, 2023), ont pu débuter en 2023 avec l’étude de cinq îlots, localisés au cœur de l’agglomération de l’époque romaine et couvrant environ 2 ha. Un système d’information géographique (SIG) a tout d’abord été créé afin de rassembler et de confronter les résultats de fouilles et de sondages plus anciens avec ceux des prospections géophysiques, mais aussi pour les comparer aux aménagements visibles sur des cartes et des orthophotographies anciennes. L’analyse des îlots a ensuite consisté, pour chacun d’entre eux, à cartographier au sein du SIG les anomalies perceptibles sur les cartes issues des prospections au GPR, en précisant notamment leurs dimensions et la profondeur à laquelle elles apparaissent et disparaissent. Ce travail a servi de support à la préparation d’une synthèse pour chaque îlot, au sein duquel différents ensembles (bâtiments, groupes cohérent d’édifices ou espaces vides de construction) ont pu être identifiés. Il a ainsi été possible de proposer une nouvelle interprétation des vestiges et des espaces, de restituer l’organisation générale de l’îlot et, lorsque les données permettent de distinguer plusieurs états de construction, de réfléchir à son évolution. L’étude de cinq premiers îlots a d’ores et déjà permis d’identifier et de caractériser plusieurs équipements publics – le forum de Nouiodunum, un sanctuaire monumental, une vaste place et un bâtiment comprenant une grande salle pourvue d’une abside – et de documenter certains quartiers résidentiels, comportant notamment trois grandes domus et d’autres habitations plus modestes, probablement construites en grande partie en matériaux périssables, ainsi que des séries de boutiques. Le long des rues, apparaissent souvent des trottoirs ou des portiques dont l’aménagement semble avoir été réalisé, indépendamment, par les propriétaires de chaque édifice ou groupe d’édifices. Si les vestiges les plus anciens de l’agglomération, fondée dès la fin de la période gauloise, ne sont pas perceptibles sur les cartes d’anomalies GPR, l’examen de ces dernières permet de restituer le plan d’une partie de la ville du Haut-Empire et, pour quelques bâtiments, de distinguer plusieurs états de construction.