L’analyse des « petites » mobilités des femmes de classes populaires met au jour l’enjeu que constituent les « petits » diplômes qui font parfois barrière. C’est le cas dans le domaine du soin et de l’accompagnement des personnes âgées où les femmes employées sans diplômes ou avec d’autres diplômes du domaine sanitaire et social souhaite acquérir le Diplôme d’Etat d’aide-soignant qui leur paraît susceptible de les conduire à des tâches plus valorisées et à de meilleures conditions de travail et d’emploi. Elles en exercent parfois les tâches comme « faisant fonction » d’aide-soignante. Dans le monde réglementé des métiers de santé, comme ailleurs, on trouve des « faisant fonction » qui exercent sans diplôme, avec quelques restrictions d'accès. Celles-ci sont moindres pour les aides-soignantes. Faire fonction d'aide-soignante a longtemps été accepté comme mode d’exercice transitoire, inscrit dans un processus de sélection en vue d’accéder à la formation. La validation des acquis de l’expérience (VAE) a même fait un moyen d’apprendre sur le tas, susceptible de conduire à développer des compétences équivalentes à celles qu’on peut acquérir en formation. Elle constitue donc une voie de diplomation possible. On constate cependant que les faisant fonction qui se présentent en VAE du DE d’aide-soignante n’ont eu pour la plupart aucune autre expérience que celle du travail auprès des personnes âgées, alors même que leurs établissements ne proposent pas toujours les conditions de compagnonnage susceptibles de faire réussir en VAE. De fait, l’échec est très fréquent. Même si elles aspirent au diplôme, les faisant fonction d’aide-soignante exercent en réalité de façon durable, sous ce statut. La VAE avec ses différentes épreuves est pour celles qui échouent une épreuve de vérité qui leur montre qu’elles exercent des tâches de façon non-conforme ou qu’elles n’exercent pas les tâches de l’aide-soignante dans toutes leurs dimensions, en dépit de toute leur bonne volonté. En ce sens, elle est pour elles une épreuve de vérité.