La Bibliographie de la France (BdF) constitue une source majeure pour l’histoire de la librairie et de ses acteurs. Comme le soulignait Frédéric Barbier dès les années 1980, la BdF permet d’évaluer la production éditoriale française , complétant les « statistiques littéraires ». Elle éclaire ainsi la « crise du livre de 1830 » et les stratégies éditoriales adoptées en conséquence de la surproduction du début du XIXe siècle et du défaut de crédit des libraires suite à la crise financière londonienne de 1825. À l’instar des factums et/ou des journaux judiciaires, la BdF constitue en outre, un outil primordial pour la prosopographie des libraires-éditeurs. Les annonces et les nécrologies qui paraissent dans la Chronique ou le Feuilleton de la BdF éclairent la vie des gens et des entreprises du livre. On apprend ici les cessions de fonds et/ou de boutiques, là les méthodes commerciales et les ventes aux enchères ou encore la diversification des affaires de quelques-uns des acteurs, etc. Enfin, et si la BdF permet une analyse des niches éditoriales du XIXe siècle , que la numérisation dans le cadre du projet e-BdF ne pourra que déployer, on peut s’interroger sur les enjeux de cet organe professionnel dans l’organisation hiérarchique des professions et son évolution.