La documentation archéologique relative aux activités de fabrication monétaire dans le monde romain et à ses marges a été considérablement renouvelée au cours des dernières décennies. En Méditerranée occidentale, pour les périodes tardo-républicaine et julio-claudienne, les coins ou poinçons documentés, aux provenances presque toujours distantes des lieux de production des séries monétaires correspondantes, présentent dans la majorité des cas des empreintes qui se superposent aux types de monnaies officielles. Ces pseudo-liaisons de coins ont parfois été expliquées au cas-par-cas par une mobilité supposée des outils officiels, qu’elle soit agréée par le pouvoir romain ou bien qu’elle résulte de vols opérés dans les ateliers, mais un tel raisonnement n’est pas généralisable. À l’inverse, certains de ces instruments ont pu être formellement identifiés comme des « coins de transfert », c’est-à-dire des outils de faussaires produits à partir du moulage de monnaies officielles. Dans l’état actuel de la documentation disponible, il paraît donc plus vraisemblable que la majorité des coins monétaires romains connus pour cette période aient été produits hors des ateliers officiels, à des fins de contrefaçon ou d’imitation. Dès lors, l’objectif de cette communication est de proposer un cadre méthodologique pour l’étude technique, la classification et l’interprétation historique des « coins de transfert » et pour l’identification des produits finis des chaînes opératoires correspondantes, en particulier des monnaies plaquées.