Divers dispositifs du HCR ponctuent la ville de Bangui, comme les postes de gardes qui accompagnent et protègent les populations. Ces lieux et appropriations constituent dans l’espace urbain les premiers indices de guerre dans la ville. Aujourd’hui, le paysage banguissois se présente comme un arrêt sur image – figé dans son développement –, une ville en suspens. Un paysage où des traces de destruction sont toujours visibles ; on pourrait même affirmer qu’elles caractérisent l’espace urbain. On observe des dispositifs de fils barbelés ceinturant les enceintes d’habitat, des sas de sécurité pour entrer dans les lieux administratifs, ou bien les clôtures édifiées par chaque habitant afin de se protéger de diverses intrusions. Malgré ces dispositifs sécuritaires, la vie continue à Bangui. Au cœur des quartiers, des signes d’espoir se font ressentir avec des îlots de végétation plantés en cultures vivrières, des débordements des activités commerciales sur l’espace urbain, des carrefours d’échanges animés, des placettes publiques improvisées, etc. Il semble nécessaire de comprendre les changements de l’espace urbain, les systèmes d’adaptation des populations au quotidien afin d’enclencher des processus de reconstruction de la ville. Comment penser et projeter le devenir de ce territoire post-crise ? L’article croise le regard de l’architecte et du géographe, et propose de comprendre le phénomène des « réalités urbicides » à partir du contexte de Bangui. Il s’agit pour cette étude d’apporter des clefs de lecture à partir de l’histoire architecturale et urbaine, elle-même imbriquée dans un contexte géopolitique de guerre civile.