RESUME La résilience organisationnelle constitue aujourd’hui un thème de recherche majeur : elle s’intéresse principalement aux organisations qui parviennent à affronter des évènements massifs (catastrophes naturelles, attentats, crises) et à s’en relever. Plus rares sont les travaux qui portent sur la manière dont elle se construit au cours même de difficultés vécues au quotidien. Cette recherche exploratoire s’intéresse à ce que nous appelons la résilience écologique, celle dont dépend le fonctionnement et la survie d’organisations et d’activités particulières : équipages de navires de pêche, groupe d’alpinistes, expéditions, courses d’orientation, autant de collectifs qui constituent des organisations « artisanales » enchâssées dans des contextes naturels. La recherche montre que la résilience écologique d’une organisation immergée en contexte extrême - une expédition, en particulier - émerge des relations tissées à distance entre un prévisionniste météo et le chef d’expédition. Dans un contexte naturel où les risques létaux sont permanents, la résilience écologique s’élabore par des pratiques communicationnelles réciproques éloignées des modalités classiquement usitées. Elles mettent au jour le rôle crucial de la confiance mutuelle et de la capacité à donner et demander du feedback, compétence méta-communicationnelle transverse et activée autant par le prévisionniste que par le chef d'expédition.