Cet article a pour but de faire le point sur l'utilisation des « petites » comptabilités agricoles. Il serait vain de poser à ces documents les questions classiques de l'histoire macro-économique, celles du volume global et de l'évolution de la production agricole. Ceci oblige à y faire entrer trop d'hypothèses, et des calculs réalisés avec de gros multiplicateurs et une bonne part d'estimation sont peu pertinents. En histoire rurale, on a passé le stade de la découverte : le meilleur emploi que l'on puisse faire de ces petites comptabilités est de les utiliser pour fignoler la connaissance que l'on peut avoir d'un système agraire. Il s'agit donc de les considérer comme les sources d'une histoire microéconomique, c'est-à-dire des documents qui ne valent que par leur caractère de précision et d'exemplarité. Leur analyse impose une technique du maniement du petit chiffre : tout compter, tout interpréter, mais limiter le recours à l'hypothèse afin de cerner au plus près la logique du fonctionnement de l'exploitation. Ainsi menée, l'analyse de la gestion des animaux permet de préciser le niveau de spécialisation atteint par une exploitation, celle des flux - flux d'argent et flux de bétail - permet de mesurer son insertion dans l'économie globale.