L'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539), dans ses articles 110 et 111, oblige à rédiger en français les actes de procédure où le latin est en revanche banni. Rétrospectivement, ce texte a été analysé comme un jalon essentiel, voire un acte fondateur d'une politique étatique visant à assurer la prédominance du français sur tout autre idiome dans le pays, signe avant-coureur d'un exclusivisme à venir de la langue du roi, devenue celle du droit et de l'administration d'une puissante monarchie, avant de se muer en langue officielle de notre République une et indivisible. Au vrai, la réalité est plus nuancée dans la mesure où l'ordonnance de Villers-Cotterêts ne se départit pas d'une certaine ambiguïté en exigeant que les actes de justice soient écrits « en langage maternel françois et non autrement ». Or ces derniers termes de l'article 111 ont suscité diverses interprétations. Là où certains y virent seulement l'interdiction de l'emploi du latin, d'autres ont considéré que la prohibition s'appliquait également aux langues ou dialectes vulgaires, autres que le français, qui étaient alors très utilisés en de nombreuses provinces du royaume. En pratique, s'il existait indubitablement une réelle volonté politique d'exclure le latin dans les actes officiels, la monarchie cultiva en revanche une approche résolument pragmatique vis-à-vis des langues vernaculaires largement répandues dans l'ancienne France.