Si la crise COVID a mis en évidence l’intérêt de mobiliser une variété de données pour évaluer l’évolution des mobilités résidentielles en France sur le temps court (téléphonie mobile, ventes immobilières, inscriptions scolaires, transferts postaux… ; voir par exemple : POPSU, 2023), le recensement de la population reste indispensable pour au moins deux raisons : 1) mettre en perspective les dynamiques récentes sur le plus long terme ; 2) détailler la composition sociodémographique des flux résidentiels. L’exploitation de cette source de données « classique » peut néanmoins être approfondie, en particulier pour les espaces les moins peuplés (cf. communes de moins de 10 000 habitants) qui ont conservé un recensement exhaustif de leur population dans la méthode annualisée mise en place depuis 2004 (Insee, 2005). L’objectif de cette communication est double, thématique et méthodologique. Il s’agit d’une part de poursuivre des recherches personnelles sur les dynamiques démographiques et de mobilité résidentielle des espaces ruraux français (Pistre, 2012), en s’interrogeant sur les évolutions récentes et leurs inscriptions plus ou moins fortes dans des tendances inégales d’attractivité observées depuis les années 1970-1980. Pour ce faire, il s’agit d’évaluer la pertinence d’analyses détaillées à partir des enquêtes annuelles de recensement (EAR), en se concentrant en premier lieu sur l’étude des installations résidentielles enregistrées depuis le début de la décennie 2010 (cf. changement de question sur l’ancienne commune de résidence en 2011) – à la suite de précédentes explorations (Pistre, 2016). Les analyses reposent donc sur l’exploitation des EAR selon la date de recensement des communes de moins de 10 000 habitants – réparties en cinq groupes de rotation recensés alternativement une fois tous les cinq ans. Même si quelques analyses récentes ont utilisé ces données pour l’étude des mobilités résidentielles (Brutel, 2023), elles restent peu exploitées de manière annualisée. La présentation illustrera leur intérêt à travers deux types d’analyse : 1) le suivi de séries annuelles depuis les années 2000 ou 2010 pour approfondir la mesure de variations structurelles et/ou plus conjoncturelles ; 2) l’examen comparé des tendances de mobilité résidentielle enregistrées dans les EAR 2022 et 2023, c’est-à-dire les deux premiers millésimes réalisés après le début de la crise COVID. Brutel C., 2023, « En 2021, des déménagements un peu plus nombreux qu’avant la crise sanitaire depuis l’Île-de-France vers les autres régions », Insee Première, n°1954, 4 pages. URL : https://www.insee.fr/fr/statistiques/7637352 Insee (2005). « Le nouveau mode de recensement - élaboration à travers les tests », Insee Méthodes, Hors série, 63 p. https://www.insee.fr/fr/information/2579979 Pistre P. (2012). Renouveaux des campagnes françaises : évolutions démographiques, dynamiques spatiales et recompositions sociales, Thèse de doctorat de géographie, Université Paris Diderot, 407 p. https://shs.hal.science/tel-00764869 Pistre P., 2016, « Recensements de la population pour l’étude des reprises démographiques et des migrations résidentielles dans l’espace peu dense (1975‑2011) », Economie et Statistique, n°483-484-485, pp. 151-178. POPSU. (2023). Exode urbain : un mythe, des réalités, Etude conduite par la Plateforme d'observation des projets et stratégies urbaines en partenariat avec le Réseau rural français et le Plan urbanisme construction architecture, 52 p. https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/DP_EXODEURBAIN.pdf