Entre l'ordre littéraire et l'ordre équestre : le roi lettré et la poésie
Résumé
En 1152, le cistercien Nicolas de Montiéramy loue Henri Ier le Libéral, comte de Champagne, parce qu'il est « prince philosophe et prince des philosophes », « vivant entre l'ordre littéraire et l'ordre équestre, généreux et munificent envers l'un et l'autre ». Si, contrairement à son petit-fils Thibaud, roi de Navarre, Henri Ier n'a pas laissé lui-même de poèmes, il a promu activement les lettres avec son épouse Marie de Champagne, qui impose à Chrétien de Troyes de rédiger le Chevalier à la Charrette. De son vivant, la plupart des princes territoriaux, comme Henri Ier, mais aussi les seigneurs et leurs moindres vassaux, empruntent le modèle prestigieux du roi lettré. Leur culture est certes un motif de fierté personnelle. Elle leur vaut surtout le respect de leurs sujets. Il en va de même avec le patronage par lequel ils encouragent la littérature et les arts.