La littérature sur la collusion algorithmique s’est concentrée sur des scenarii de collusion tacite initiés par des algorithmes, lesquels posent des problèmes particulièrement difficiles en matière de caractérisation et de sanction concurrentielles. Pour autant tout un continuum de risques collusifs basés sur des algorithmes apparaissent non seulement dans la littérature mais également dans la pratique décisionnelle montrant qu’il est possible d’utiliser les algorithmes comme des outils d’organisation de l’entente, comme des facilitateurs, au travers de la production de signaux, de la création d’une transparence artificielle, ou encore comme des intermédiaires en matière de mutualisation des informations. Ces caractéristiques conduisent à des collusions en étoile (hub and spoke). Si de telles allégations ont pu être formulées dans le domaine des plateformes d’intermédiation numérique, nous nous proposons de l’illustrer ici au travers de l’utilisation d’un algorithme de gestion des revenus (revenue management) commun utilisant des données transmises par chacun de ses utilisateurs. Nous nous appuyons ici sur une procédure en cours aux Etats-Unis portant sur un logiciel de tarification des baux locatifs. Cet exemple nous permet à la fois de saisir les enjeux liés au traitement juridique de telles ententes dans le cadre états-unien et d’illustrer les risques liés à l’utilisation d’algorithmes prédictifs dans le domaine immobilier.