De nombreuses démocraties occidentales voient s’exprimer de vives résistances face à l’impératif catégorique posé par une transition écologique devenue pourtant scientifiquement incontestable et – en apparence – largement acceptée. Face à une approche rationnelle manifestement insuffisante pour expliquer ce paradoxe, il s’agit d’examiner quels facteurs plus subjectifs peuvent freiner l’acceptation sociale des politiques environnementales. Nous proposons ici d’explorer deux pistes de lecture. Au plan collectif, et en dépit des théories stimulantes d’Ostrom (1990) sur la possible gouvernance de l’environnement en tant que bien commun, les rivalités de pouvoir et les déficiences de régulation d’accès aux ressources prévalent. L’acceptation sociale de l’adaptation à la transition écologique reste dès lors soumise à une logique transactionnelle reposant sur un bilan coût/avantage propre à la théorie des jeux. Au plan individuel, une dimension symbolique et affective forte s’impose dans la relation à la nature, laquelle modèle les attitudes (au sens d’Ajzen, 1991). Cela provoque des dissonances cognitives délicates à réduire dans le rapport personnel aux contraintes d’adaptation à la transition écologique. La présente contribution s’appuiera, en guise d’illustration, sur quelques exemples tirés de la protection des espaces naturels en France et en Europe.