Le souvenir de Marcel Maget (1909-1994) s’est aujourd’hui presque complètement effacé de la mémoire de l’anthropologie française. Non seulement il n’est pas enseigné – son œuvre n’a pas traversé le temps –, mais il n’est pas non plus inscrit dans l’historiographie disciplinaire, sinon de manière fugitive par quelques rares spécialistes. À peine une ombre dans un tableau où brillaient les étoiles contraires du structuralisme théorisant et de l’étude dynamique des situations de décolonisation à un moment où l’ethnologie de la France balbutiait ses démarches et sa méthodologie. Dans ce dernier registre, celui dont Marcel Maget relève, les années 1950 sont encore celles de la « soupe primitive » épistémologique où le Musée national des arts et traditions populaires et ses campagnes de collectes le disputent aux études folkloriques en voie de péremption. Dès lors, le regard porté sur quiconque s’est saisi de la matière de France à cette époque conduit souvent à une catégorisation sommaire (...)