Dans l’Orient chrétien – à Byzance et à Chypre latine – placées entières aux côtés des défunts dans la tombe – vides ou contenant de l’eau bénite, de l’encens ou des grains de blé – disposées sur diverses parties du corps sous la forme de fragment ou brisées autour de la sépulture, des céramiques du quotidien remplissaient de multiples fonctions et le rôle qui leur était attribué, parfois à forte charge symbolique, est partiellement connu. Les pratiques funéraires byzantines, telles qu’elles sont attestées par l’archéologie, témoignent de la survivance, à l’époque chrétienne, de trois rites d’origine païenne que sont les libations, l’obole et le dépôt de pots de terre et de flacons de verre. Le dépôt de vaisselle de terre est bien renseigné pour l’époque protobyzantine dans les sépultures situées dans les nécropoles ou à l’intérieur d’édifices religieux ou funéraires de Grèce. Aux époques médiobyzantine et byzantine tardive, ce rite était encore pratiqué. Ainsi par exemple, dans la nécropole mise au jour à Thessalonique sur l’emplacement de l’Hippodrome romain tardif, trente-deux tombes à inhumations successives contenaient deux-cent-trente-huit coupes de productions locales et étrangères, datées de la fin du XIIIe jusqu'au XVe siècle. Au même moment, dans l’île de Chypre, passée sous le contrôle des Francs puis des Vénitiens, le dépôt dans la sépulture de vaisselle de table et de cruchons glaçurés issus de productions locales ou importées était habituel. Comme en attestent des découvertes faites dans des nécropoles à Athènes, Thessalonique et Chypre, cette pratique n’a pas disparu à l’époque ottomane. Cependant, jusqu’ici, elle était seulement documentée pour le XVIe siècle or, l’exploration archéologique récente de sépultures à Paphos montre, qu’à la fin du XVIIIe siècle, de la vaisselle de table était encore placée à côté des corps. Le bri d’assiette accompagne toujours la mise en bière à Chypre.