Dans une publication récente "Trostreiche Predigt. Überlieferung, Entstehung und Bedeutung des ‘Liber sermonum Hugonis'", de Ralf Stammberger propose d'attribuer à Hugues de Saint-Victor une oeuvre nouvelle, le "Liber sermonum Hugonis", collection de 200 opuscules, transmise dans un petit nombre de manuscrits autrichiens et bavarois. L'examen des textes met à mal cette séduisante proposition. Le "Liber sermonum Hugonis" est une collection composite mêlant deux séries de natures différentes: d'une part des sermons qui ne sont sûrement pas d'Hugues (pièces 1 à 31), de l'autre des opuscules d'Hugues qui ne sont pas des sermons (pièces 32 à 200). Les arguments de Ralf Stammberger, comme la mention d'un volume hugonien en 18 livres et 200 chapitres, non seulement sont trop faibles pour prouver l'authenticité de la collection tout entière, mais ils contiennent des informations qui la contredisent. L'analyse littéraire et doctrinale des 31 premières pièces exclut qu'elles puissent être d'Hugues de Saint-Victor: certaines sont d'ailleurs attribuables à Bernard de Clairvaux, Werner de Saint-Blaise et même Alcuin, plus de trois siècles avant Hugues. Hugues de Saint-Victor a sûrement prêché, bien au-delà des 10 sermons certains ou probables qu'on a conservés, mais il ne faut pas compter sur la compilation mixte, construite en milieu germanique et transcrite par Ralf Stammberger, pour nous renseigner sur l'oeuvre oratoire du maître parisien.