Dans de nombreuses monarchies occidentales, Troie a constitué, dès le haut Moyen Âge, un élément essentiel de leur légitimation et de la construction d’un imaginaire politique, constituant ainsi un lieu de mémoire culturel majeur. Ce fut également un vecteur de compétition entre royautés – l’enjeu étant de déterminer, dans le cadre de la translatio imperii, laquelle était la plus digne héritière de Troie. Pendant la guerre de Cent ans, et au-delà, la cité est donc logiquement un lieu de rivalité entre les royaumes anglais et français, qui affirment leur supériorité respective tant en s’auto-désignant comme les seuls vrais héritiers de Troie qu’en refusant ce titre à l’adversaire. Un certain nombre d’œuvres en témoignent, tels le Débat des hérauts d’armes de France et d’Angleterre, composé au milieu du XVe siècle, et sa contrepartie anglaise rédigée au XVIe siècle. Il s’agira donc, dans cette communication, d’analyser les modalités de la construction de mémoires rivales pourtant issues d’un passé mythique commun.