Teaching Public Law in Paris during the Third Republic
Enseigner le droit public à Paris sous la Troisième République
Résumé
Public law has been a structuring element in the organization of law schools since the end of the 19th century in France. However, the notion often remains problematic: the purpose of this study is to clarify its scope in teaching, based on the example of the Law Faculty of Paris. The Parisian Faculty of Law, due to its size, its links with political institutions and its direct rivalries with other institutions of higher education, played a leading role in the elaboration and implementation of the reforms that led to the generalization of public law in the law faculties of the Third Republic. It thus contributes to understanding the process of specialization of law professors, marked in particular by the sectioning of the agrégation in 1896. Far from producing straightforward outcomes, these developments created a series of unstable balances and tensions. The desire of publicists to form a separate group from that of privatists conflicted with the widespread desire to maintain the unity of legal science. Public law itself was not homogeneous. A collection of disciplines (administrative law, public international law, constitutional law, financial legislation) rather than a coherent body of knowledge, it was subject to two tendencies: one made it a formalized and autonomous body of knowledge, which could impose its own logic on the facts, the other, on the contrary, linked it to political and economic sciences. The late success of the first tendency should not veil the desire, in the first half of the 20th century, to make public law a social science.
Le droit public est un élément structurant l’organisation des facultés de droit depuis la fin du XIXe siècle en France. Pourtant, la notion reste bien souvent problématique : l’objet de cette étude est d’en préciser la portée dans l’enseignement, à partir de l’exemple de la Faculté de droit de Paris. Celle-ci, par ses effectifs, sa proximité avec les institutions politiques et la concurrence directe d’autres établissements d’enseignement supérieur joue un rôle de premier plan dans l’élaboration et la mise en œuvre des réformes qui conduisent sous la IIIe République à la généralisation du droit public dans les facultés de droit. Elle permet ainsi de comprendre le processus de spécialisation des professeurs de droit, marqué notamment par le sectionnement de l’agrégation en 1896. Loin de produire des résultats simples, ces évolutions créent une série d’équilibres instables et de tensions. La volonté des publicistes de former un groupe distinct de celui des privatistes se heurte au souhait largement répandu de maintenir l’unité de la science juridique. Le droit public lui-même n’est pas homogène. Ensemble de matières (droit administratif, droit international public, droit constitutionnel, législation financière) plus que savoir cohérent, il est traversé par deux tendances : l’une en fait un savoir formalisé et autonome, capable d’imposer sa logique propre à l’écume des faits, l’autre à l’inverse le rattache aux sciences politiques et économiques. Le succès tardif de la première tendance ne doit pas dissimuler la volonté, dans la première moitié du XXe siècle, de faire du droit public un savoir lié à l’actualité et explicatif du social.