Les microvertébrés pléistocènes et holocènes d’El Harhoura 2 (Rabat-Témara, Maroc)
Résumé
Les petits vertébrés (rongeurs, insectivores, amphibiens, reptiles) retrouvés en contexte archéologique peuvent nous renseigner sur l’évolution de la biodiversité et fournissent souvent des informations paléoenvironnementales plus précises que les grands mammifères. Ils sont peu étudiés en Afrique du Nord, notamment en ce qui concerne la fin du Quaternaire. Parmi les quelques sites nord-africains de cette période on trouve la grotte d’El Harhoura 2 (Rabat-Témara, Maroc) remarquable tant par la richesse spécifique des petits vertébrés terrestres (plus d’une trentaine de taxons) que l’abondance des restes identifiables (une concentration allant jusqu’à 250 000 éléments par m3 de sédiments). Ce site a livré plusieurs couches archéologiques qui permettent de suivre l’évolution des faunes et des environnements au cours de la transition Pléistocène supérieur - Holocène.
L’analyse taphonomique montre des différences de prédateurs entre les différents niveaux (rapaces nocturnes vs petits carnivores ou rapaces diurnes) et des altérations post-prédations qui indiquent l’absence de tri, une faible météorisation, mais beaucoup de traces de racines et une éventuelle bioturbation. L’étude paléoécologique montre des paysages en mosaïques tout au long de la séquence, avec cependant des épisodes plus ouverts au cours du Pléistocène supérieur, et une ultime période plus boisée à l’Holocène moyen. La nature locale (modifications du paysage, proximité des points d’eau, prédateurs ayant des régimes alimentaires différents) ou globale (climat, aridité/humidité) de ces changements est discutée dans le contexte archéologique et paléoclimatique. Ces données nous permettent d’améliorer nos connaissances sur le cadre environnemental dans lequel l’Homme moderne est apparu et a évolué dans cette région.
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