Nous souhaiterions démontrer dans ce papier comment, dans le domaine de la construction, les « experts en fait de bâtiment » issus de plusieurs corps de métiers, se sont attribués une compétence spécifique pour estimer, évaluer et juger l'art de bâtir. Cependant assez étonnante est l'émergence d'une concurrence dans ces fonctions d'une catégorie générique : celle des bourgeois par le biais de la conquête du droit d'expertise du bâti par les architectes exerçant un métier libre, non encore encadré juridiquement, voire par de simples bourgeois sans aucune qualification si ce n'est d'avoir été commanditaire d'ouvrages.
Parallèlement à l'établissement de cette figure de l'expert, les enjeux politiques des savoirs techniques et de leur contrôle apparaissent lors du fonctionnement de nombreuses institutions, tantôt savantes, comme l'Académie d'Architecture, tantôt judiciaire et administrative, comme la Chambre des Bâtiments, tantôt politique au plus haut niveau de l'Etat, devant le procureur du roi auprès du Parlement ou des ministres. Chaque instance dotée d'une compétence spécifique partage une compétence fonctionnelle autour de l'art de bâtir.
Reste à savoir si la capitale joue dans cette quête du pouvoir par le savoir un rôle déterminant. A ce propos, une double comparaison sera esquisser en conclusion. D'une part, avec les autres villes du royaume à la même époque. D'autre part, avec Londres et la Grande-Bretagne qui oppose à la France un système d'organisation de métiers d'emblée plus libérale, une transformation radicale de l'industrie du bâtiment après le grand incendie.