Quels sont les fondements de la proximité relationnelle, et comment évoluent-ils lors de l'entrée dans la vie adulte ?L'étude des dynamiques de transformations des réseaux relationnels de jeunes entrant dans l'âge adulte peut nous renseigner non seulement sur les interfaces que ces derniers construisent avec le monde social, mais également sur leurs circulations sociales.S'appuyant sur une enquête longitudinale par panel, notre recherche tente de mettre en évidence des tendances dans la construction des configurations relationnelles. Dans un premier temps nous discutons ici des rapports entretenus entre la distance géographique et la perte, la conservation ou la création de lien sociaux. En effet, avec l'avancée dans le cycle de vie, et le franchissement de seuils biographiques caractéristiques de cette période (départ du domicile familial, entrée dans le travail, création d'une unité conjugale ou familiale, etc.), comment les sphères relationnelles se reconfigurent-elles en termes d'éloignement / rapprochement, de proximité des « autres significatifs » ? Des travaux récents sur les évolutions de la sociabilité avec l'âge montrent une tendance au passage de modes relationnels plutôt collectifs (bandes, groupes, clans, cercles, etc.) vers des pratiques plus « sélectives », individualisées. Peut-on, grâce aux observations diachroniques autorisées par la méthode longitudinale, relever une relation entre position dans le cycle de vie et distanciation géographique des membres du réseau ? Selon quels clivages dans la jeunesse (sexe, PCS, filière d'origine, etc.) ? Plus largement, on peut se demander quelles autres formes de proximité (ou de distance) sont pertinentes dans cette période singulière du cycle de vie : proximité de genre, proximité de niveau de diplôme, proximité en termes de situation socio-professionnelle, proximité au regard de l'ancienneté de la relation, ...Comment s'articulent et s'orientent dans le temps les proximités spatiales et sociales ? Des études statistiques l'ont montré, on note une tendance à l'homophilie (c'est-à-dire une propension à préférer celles et ceux qui nous sont socialement proches), qui évolue notamment avec l'avancée dans l'âge. Nous proposons de rechercher précisément les lieux de cette homophilie : homogénéise-t-on son réseau en fonction de l'âge de ses amis, de leur position sociale, de leur situation matrimoniale, de leur mode de vie ... et surtout, comment cela se déroule-t-il dans le temps ? Repère-t-on des phases biographiques plus ou moins propice à une diversité relationnelle, source éventuelle d'innovation et d'alternatives dans les parcours ? Inversement, la tendance au resserrement des réseaux avec l'âge contribue-t-elle à renforcer des ancrages identitaires ? La construction sociale des proximités au sein des réseaux pourrait témoigner des manières de traverser cette zone de turbulence et d'élaborer son monde d'adulte, ses mondes peut-être.