Cette recherche fait suite à une recherche sur Genopole Evry, biopole de niveau international articulant science et industrie, dédié à la recherche en génomique et à la création et au développement d'entreprises de biotechnologies. Elle s'inscrit dans une démarche d'économie politique et dans une approche institutionnaliste des sciences et de l'innovation. Elle porte sur l'implantation en régions, dans le cadre d'un dispositif d'action publique (Programme Génopoles, 1999), de « génopoles » labellisées promouvant une nouvelle forme organisationnelle de production de connaissances en phase avec l'évolution des sciences du vivant. L'analyse de ces “institutions intermédiaires” constitue en effet un point focal, en ce qu'elles répondent à des critères à la fois scientifiques et économiques, de structuration d'un domaine scientifique nouveau autour de l'implémentation de plateformes biotechnologiques (instrumentation à grande échelle liée à des compétences scientifiques et technologiques spécifiques); et de création de start-ups de biotechnologies, s'appuyant sur des dispositifs publics d'aide à l'innovation (loi de 1999, incubateurs, structures d'accompagnement et de financement) soutenus par les collectivités territoriales dans une perspective de développement socioéconomique.
Dans sa dimension empirique, l'analyse porte sur la création, historiquement située, puis sur la trajectoire de Marseille Nice Génopole Cette trajectoire est articulée avec l'action du Réseau National des Génopoles, incitée sous l'égide du Ministère de la Recherche, et avec l'action régionale en faveur de la recherche et de l'innovation.
L'étude de la trajectoire de Marseille Nice Génopole (comparaison inter-régionale avec Rhône-Alpes et Languedoc-Roussillon du point de vue de l'efficacité de la configuration spécifique historiquement située des acteurs, et de la variété des réseaux supportant le couplage recherche/innovation et les relations public/privé) montre la diversité des formes d'hybridation entre science et monde socioéconomique à partir d'un même dispositif de politique publique de RDI.
En interne, les mutations fortes impulsées par les coordinations autour de l'instrumentation, les repositionnements des disciplines, les relations avec le secteur privé, produisent un apprentissage organisationnel des biologistes et des biomédicaux. En externe, la dynamique scientifique et économique de la génopole est analysée, dans le cadre des fluctuations de la politique nationale S§T pour les biotechnologies, et de la mobilisation territoriale pour un développement des biotechnologies, comme une ressource spécifique dans un projet de biocluster, puis de pôle de compétitivité en biotechnologies diagnostiques et thérapeutiques.