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Communication Dans Un Congrès Année : 2005

LES EXPORTATIONS TRANSPYRÉNÉENNES D'HORLOGERIE FRANCO-SUISSE ET D'ARTICLES DE PARIS VERS L'ESPAGNE (XVIIIe-XIXe SIÈCLES)

Résumé

Observées dans un large XIXe siècle qui s'enracine dans celui des Lumières, les exportations d'horlogerie et d'articles de Paris empruntent fréquemment les routes pyrénéennes à l'image des premiers marchands horlogers français et suisses. Produits à haute valeur ajoutée et de faible poids, ces objets alimentent un commerce intensif et souvent sous-estimé. En effet, la contrebande et les transferts effectués par les touristes échappent aux statistiques officielles. Ces dernières révèlent pourtant des montants déjà importants. Ainsi, en 1891, les exportations françaises vers l'Espagne de " tabletterie, bimbeloterie, boutons, lorgnettes... " s'élèvent à neuf millions cinq cent mille francs. Elles représentent alors le troisième poste des ventes françaises dans ce pays, après les tissus et les ouvrages en bois. À ceci s'ajoutent entre cinq cent mille et un million de francs d'exportations du même type vers le Portugal. Quant à la Suisse, en 1885 elle écoule dans la péninsule près de soixante mille montres d'une valeur totale supérieure à un million cinq cent mille francs.

Les réseaux commerciaux mis en œuvre lors de ces expéditions sont de deux types. Certains découlent d'un roulage organisé à partir des grands pôles de production lointains comme Paris, le Jura ou la Confédération helvétique. Ainsi, dès 1758, Pierre Jacquet-Droz et Abraham Louis Sandoz, horlogers suisses de la Chaux-de-Fonds, décident d'aller présenter leurs pendules à automates au roi d'Espagne. Ils effectuent un périple de cinquante jours en passant par le col du Perthus avec deux voitures à chevaux, et ne reviennent dans le canton de Neuchâtel que l'année suivante après avoir vendu leurs mécaniques. Ils ouvrent la voie aux exportations suisses d'horlogerie de luxe vers la péninsule ibérique. Parallèlement, dès la fin du XVIIIe siècle, les rouliers francs-comtois diffusent les mouvements d'horloges de Morbier et Morez dans les milieux populaires espagnols. Ces mécanismes robustes et bon marché triomphent de la concurrence locale pendant le XIXe siècle. Aux horloges du haut Jura succèdent les montures de lunettes qui réemploient les mêmes réseaux de revendeurs en Espagne. Dans les deux cas, la voie terrestre demeure privilégiée car elle écarte tous les risques d'oxydation par l'eau de mer. La Franche-Comté diffuse également d'autres articles de Paris dans la péninsule ibérique, en particulier les pipes, les boîtes et les pierres taillées de Saint-Claude. Éventails, ombrelles, jouets, colifichet etc. arrivent aussi d'autres centres provinciaux, ou de la capitale.

Surtout, il existe une production non négligeable d'articles de Paris sur le versant français des Pyrénées et celle-ci alimente des exportations directes vers l'Espagne. Le Midi toulousain et le Sud-Ouest en général recèlent de nombreux espaces de fabrication très dynamiques qui regardent naturellement vers l'Espagne pour compléter leurs débouchés. Parmi ces multiples activités, souvent dispersées et rurales, il faut citer la confection des peignes en corne dans le Plantaurel, le travail du jais et du bois etc. L'importance des flux demeure difficile à évaluer en raison de la rareté des statistiques spécifiques. Toutefois, des sources fines comme les lettres de voitures, les ventes d'objets saisis en douane, les correspondances issues des archives privées, suggèrent des échanges discrets mais essentiels. Des réseaux complexes se constituent, le seul cas des bijoux en jais de la moyenne vallée de l'Hers révèle des flux bilatéraux très élaborés. La matière première provient en partie d'Aragon et les objets fabriqués sont exportés au loin, jusqu'à Veracruz et Lima en passant d'abord par les Pyrénées. L'âge d'or de ce négoce se situe entre le milieu du XVIIIe siècle et les années 1830. D'autres biens manufacturés prennent le relais de ces premiers succès et alimentent un commerce transpyrénéen beaucoup plus actif que ne le laissent supposer les grandes enquêtes nationales du XIXe siècle.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-00139524 , version 1 (01-04-2007)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00139524 , version 1

Citer

Jean-Marc Olivier. LES EXPORTATIONS TRANSPYRÉNÉENNES D'HORLOGERIE FRANCO-SUISSE ET D'ARTICLES DE PARIS VERS L'ESPAGNE (XVIIIe-XIXe SIÈCLES). 2005, pp.31-38. ⟨halshs-00139524⟩
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