Sociolinguistique et histoire de l'arabe selon la Muqaddima d'Ibn Khaldûn (VIIIe/XIVe siècle)
Résumé
Dans la Muqaddima, Ibn Khaldûn (m. 808/1406) décrit explicitement la situation linguistique du monde arabe à son époque, comme se caractérisant par la coexistence de plusieurs variétés, en l'espèce trois : la langue classique, qu'il appelle de manière hautement symbolique « langue de Mudar », les parlers nomades et les parlers sédentaires (et, plus particulièrement, citadins). Sur le plan de l'histoire de la langue, si les dialectes proviennent de la « langue de Mudar », appelée pour cette raison « langue première » ou « originelle », ils n'en constituent pas cependant de simples formes dégradées, mais sont, par eux-mêmes, de nouveaux systèmes linguistiques. Les parlers nomades sont caractérisés tout à la fois par un trait phonologique, pannomade, la réalisation [g] du /q/, et leur « conservatisme » lexical et discursif. A l'inverse, Ibn Khaldûn impute la différenciation régionale des parlers citadins à des substrats/adstrats différents : persan et turc au Machrek, berbère au Maghreb, galicien et castillan en Andalousie. Dans le cas particulier du Machrek, enfin, il décrit une situation sociale qui n'est pas sans rappeler celle souvent invoquée pour les pidgins/créoles.
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