Gestion du risque et dispositifs d'alerte - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Ouvrages Année : 2007

Gestion du risque et dispositifs d'alerte

François Mancebo
  • Fonction : Directeur scientifique
  • PersonId : 831479

Résumé

Depuis que l'être humain regroupe son habitat et ses activités, le risque l'accompagne. Progressivement la nature des risques urbains et leurs conséquences se sont diversifiées, tout comme les réactions des hommes. De nos jours, tout particulièrement dans les sociétés industrialisées, le risque urbain est complexe, à la fois naturel, technologique, sanitaire, biologique. Mais il est toujours anthropique, en ceci que les sociétés —ne serait-ce que par leur décision de s'installer ici plutôt qu'ailleurs— en sont in fine la cause.
Tout espace urbain peut s'interpréter comme un système dynamique, formé par une multitude d'écosystèmes avec leurs flux d'énergie, de matière, d'information, et habité par des sociétés qui interprètent, transforment, s'approprient ces multiples systèmes. En cela, la gestion du risque et des vulnérabilités interroge les politiques d'aménagement. Il paraît en effet difficile de penser un territoire sans tenir compte des catastrophes possibles. Se pose alors la question du positionnement des acteurs et de leur marge de manœuvre selon la façon dont ils estiment l'exposition le risque, sa probabilité d'occurrence et surtout son acceptabilité. C'est ce que tente d'aborder ce numéro, à travers cinq articles, mettant en perspective divers type d'urbanisation de montagne et divers aléas
L'article de Laurent Astrade et Céline Lutoff pointe la spécificité de la périurbanisation des agglomérations de montagne, souvent situées sur des versants instables. À partir de l'exemple du Lavanchon, espace urbanisé au sud-est de Grenoble, ils montrent comment la représentation des risques par la population résidente amnésie les risques liés à leur position géographique (eboulement, glissements de terrain, inondations) pour porter leur attention sur des risques plus généraux (risques industriels et pollution). Tout se passe comme si connaissance des phénomènes locaux, et la culture du risque sous-jacente, se perdaient à mesure que les populations urbaines remplaçaient les anciens habitants.
Prenant le cas, célèbre, des "Ruines de Séchilienne" au sud de Grenoble, qui constitue le plus important mouvement de terrain potentiel en Europe., Lauren Andres et Géraldine Strappazzon, dressent un constat semblable. Il s'étend ici à l'action des aménageurs et des acteurs locaux, confronté à des arbitrages complexes concernant les priorités dans la gestion de risques multiples. Elles mettent en évidence trois temps pour l'action : la gestion de l'incertitude ; l'émergence de stratégies locales différenciées ; la prospective à l'échelle de l'ensemble sud grenoblois.
De manière plus générale, Stéphane Cartier évoque les politiques parasismiques dans les vallées alpines ; tout particulièrement la déclinaison locale des règles d'urbanisme. Prenant en compte trois pays, la Suisse, la France et l'Italie, il montre une grande diversité des autorités impliquées dans la gestion du risque sismique. Il pointe le fait que les enjeux locaux peuvent troubler l'indépendance des gestionnaires. Il préconise une connaissance fine des facteurs de risque via un microzonage contraignant, tout en notant sa faible acceptabilité auprès des populations ou des acteurs locaux.
Au cœur de la question de l'acceptabilité des politiques de gestion du risque, Valérie November, Reynald Delaloye et Marion Penelas, interrogent les pratiques des acteurs impliqués dans des situations d'alerte et de crise dues à des évènements naturels en Suisse, à partie d'inondations ayant touché des quartiers d'habitation dans le Valais et à proximité de Genève. Il s'avère ainsi que les épisodes d'inondations modifient les dynamiques et les politiques territoriales, conséquences du réajustement des réseaux d'acteurs.
François Mancebo dresse un constat similaire avec l'agglomération de Mexico. Après le séisme dévastateur de 1985, les acteurs de l'aménagement de Mexico ont tenté d'intégrer risques et durabilité dans la définition de nouvelles politiques urbaines par une approche normative. L'échec de cette tentative pointe l'importance de tenir compte du substrat fait de représentations territoriales et d'usage de l'espace dans toutes ces politiques de gestion du risque.
Une gestion rationnelle et efficace du risque urbain dépend donc de dispositifs d'information, de paramètres déterminant l'acceptabilité, de l'anticipation des réactions des populations et de la connaissance des moyens disponibles. La mise en œuvre d'une telle politique est souvent rendue difficile par l'inadéquation entre le temps du mandat électif et celui du risque (plus long et plus incertain). S'y ajoute un second écueil : la subjectivité des acteurs en charge de la décision et les dérives inhérentes aux représentations du risque parmi la population. Rumeurs, peurs infondées, déformations de la réalité, peuvent amplifier ce décalage.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-00171524 , version 1 (12-09-2007)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00171524 , version 1

Citer

François Mancebo (Dir.). Gestion du risque et dispositifs d'alerte. Revue de Géographie Alpine, tome 95, n° 2, Armand Colin, pp.128, 2007. ⟨halshs-00171524⟩
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