La loyauté a longtemps défini le lien particulier qui unissait les cadres à leur entreprise. Ce principe s'affaiblit aujourd'hui et laisse la place à une autre logique où la défection domine, ce qui suppose que les cadres deviennent les acteurs et les sujets de leur histoire. Comment les acteurs vivent-ils ce changement et quel sens donnent-ils à leur travail ? A partir du récit qu'ils font de leur expérience du travail, on peut analyser leur rapport au travail selon trois dimensions : l'intégration à l'entreprise, la nature de l'activité et la construction d'une image de soi qui se matérialise par la gestion de sa carrière. Chacune de ces dimensions révèle un aspect particulier du rapport au travail et en souligne toute sa complexité. Surtout, ces trois dimensions sont perçues et présentées par les acteurs comme autonomes en ce sens où ils ne disent pas et n'éprouvent pas la même chose quand ils parlent de leur environnement de travail et de ses conditions ; de leur activités et de ses contraintes ; de leur carrière et des modes d'évaluation de leur travail. Le travail, pour les cadres, demeure un élément de construction de soi positif mais emprunt de très fortes incertitudes.