Les réseaux de la contrefaçon de livres à Lyon dans la seconde moitié du XVIIe siècle.
Résumé
La contrefaçon de livres se développe à Lyon à partir des années 1660, alors que le régime de l'édition est de moins en moins favorable à la librairie provinciale (les privilèges sont accordés, dans une logique absolutiste, aux grands libraires parisiens et prolongés par des « continuations de privilège »). La cité lyonnaise devient un pôle de l'édition illicite : la moitié des marchands libraires et maîtres imprimeurs ont été impliqués au moins une fois dans un procès en contrefaçon vers 1680. La question se pose donc de savoir si le livre clandestin a généré une cohésion entre les gens du livre lyonnais, a permis l'établissement de stratégies collectives de résistance à la suprématie parisienne. Les archives judiciaires mettent bien au jour des réseaux, qui peuvent associer jusqu'à une dizaine d'ateliers dans la fraude. La connivence des contrevenants apparaît dans le prêt de matériel typographique, le partage de la confection du livre, mais aussi dans la rétention d'information dans les interrogatoires. La bienveillance du syndic, qui ferme les yeux lors de ses visites sur l'impression d'ouvrages clandestins est un autre élément de cohésion. Cette résistance sur le terrain se double de l'envoi de députés à Paris pour tenter de modifier le régime des privilèges. Au-delà, c'est toute une ville qui soutient la contravention : les religieux jouent entre autres un rôle déterminant pour abriter les livres (couvents des Jacobins et des Cordeliers) et favoriser leur écoulement. Cette solidarité ne dure qu'un temps : vers 1700, la cohésion du monde du livre se délite, face notamment au renforcement du contrôle, à l'importance des saisies et à la recomposition du syndic.
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Histoire
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