Dans une perspective d'étude comparée, ce livre cherche à restituer le rôle de la Nation dans les processus de recomposition politique vécus depuis les transformations des années 1990 en Amérique latine. Dans cette région, la discussion sur les identités et la pluralité des Nations et des cultures à l'intérieur des États, s'est intensifiée en raison des processus de globalisation et de régionalisation ainsi que des projets d'intégration en cours. L'ouvrage s'inscrit dans le cadre de travaux qui visent à clarifier la tendance propre à la phase actuelle du capitalisme : homogénéisation/universalisation, particularisation/fragmentation. Cette phase engendre, parallèlement à la décomposition des formes traditionnelles prises par les collectifs d'identification caractéristiques des périodes historiques précédentes, de nouvelles revendications identitaires. C'est pourquoi les auteurs ont choisi d'analyser la revendication nationale - un des phénomènes inhérents au « désordre global » - émanant de divers mouvements socio-politiques constitués dans les années 1990 et qui participent à des conflits pour la gestion des principales ressources économiques et culturelles. Dans ce cadre, une attention particulière a été accordée aux mouvements conduits par les peuples autochtones devenus un acteur central de l'histoire politique latino-américaine contemporaine. L'analyse de la « question nationale » permet de dépasser une perspective analytique qui tend à opposer ces nouveaux acteurs contestataires aux anciens. Les mouvements de résistance ont développé une pensée originale qui doit être mise en relation avec une tradition de mobilisations et de luttes. Leur émergence marque non pas une rupture, mais une certaine reformulation des formes d'organisations et de militance avec des nouveautés par rapport aux luttes précédentes. Au début du XXIe siècle, la scène politique latino-américaine a la particularité de fusionner des vieilles traditions de protestation sociale avec des acteurs sociaux et politiques forgés dans les conflits propres au cycle « néolibéral ».