L'effet combiné des caractères physiques, des interactions biotiques et des impacts anthropiques qui évoluent au cours du temps et le long du continuum fluvial, donne aux forêts riveraines des cours d'eau l'aspect d'une mosaïque complexe où se juxtaposent, dans l'espace et dans le temps, des milieux variés et diversifiés. L'objectif de cette contribution est de présenter la spécificité de la relation eaux-forêt dans le cas des forêts riveraines des cours d'eau. Cette question de l'évolution des forêts riveraines est ainsi abordée dans une optique dynamique et le propos est appuyé par des études réalisées sur les marges des cours d'eau rhodaniens. Nous montrons notamment qu'à l'échelle de la seconde moitié du 20e s, le contrôle anthropique apparaît très important, aussi bien à l'échelle du paysage (évolution des surfaces boisées et de la structuration spatiale du corridor), qu'à l'échelle des individus. Ainsi, l'abandon des pratiques sylvicoles et pastorales peut être le moteur d'un reboisement spontané des lits majeurs (Ain). A l'inverse, l'implantation de structures anthropiques dans le paysage réduit la superficie des milieux forestiers et provoque une fragmentation de l'ensemble du corridor (Arve). Les ajustements enregistrés par le chenal affectent également la structure et le fonctionnement des forêts riveraines. L'analyse de la croissance ligneuse du frêne montre ainsi que les changements affectant la géométrie du chenal et les activités anthropiques dans les plaines alluviales contrôlent la dynamique de la végétation riveraine à moyen terme. L'évolution du chenal et/ou la modification des flux d'eau suite à l'implantation d'infrastructures anthropiques (pompage, barrage, seuil) modifient le degré de connexion qui existe entre les peuplements et la nappe, ce qui influence leur croissance et leur régénération. Les ajustements du chenal contrôlent aussi la dynamique sédimentaire qui est un processus primordial dans la constitution du sol. Ces résultats permettent de discuter de la trajectoire écologique des forêts riveraines en réponse à l'évolution des échanges eaux-forêt sous l'influence de contrôles naturels et anthropiques.