A la lumière d'études récemment engagées sur les coopérations intercommunales en milieu urbain, l'auteur étudie l'organisation de la compétition politique et la définition d'un bien commun qui serait propre aux grandes villes. Les résultats permettent d'avancer pour principale hypothèse que des évolutions se font jour simultanément dans les façons urbaines de " faire de la politique " et de " faire des politiques publiques ", c'est-à-dire à la fois dans les pratiques du pouvoir et dans le pilotage de l'action publique. L'argument est développé en deux temps. Une première partie est consacrée aux principaux enseignements tirés de quatre études récemment engagées sur l'intercommunalité urbaine en France et à l'étranger. Cette partie descriptive pointe les dynamiques contemporaines qui caractérisent le métier d'élu dans les grandes villes ainsi que la nature des arrangements institutionnels qui accompagnent la montée en puissance des institutions d'agglomération. La seconde partie, plus analytique, cherche à identifier quelques tendances symptomatiques de l'influence croissante des enjeux urbains dans la hiérarchisation sectorielle des priorités de l'action publique. Sur les trois registres de l'apprentissage, de la domination et de la participation, il semble que le pouvoir d'agglomération en construction esquisse les fondations d'une démocratie différentielle dont le centre de gravité apparaît au moins autant territorial que sectoriel.