« Qui n'a pas rêvé, en flânant sur le boulevard des villes, d'un monde qui (...) débuterait avec les intentions ? » : La rue comme figuration de formes « d'être au monde » (sud Tel Aviv, 2005-2008). - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2008

« Qui n'a pas rêvé, en flânant sur le boulevard des villes, d'un monde qui (...) débuterait avec les intentions ? » : La rue comme figuration de formes « d'être au monde » (sud Tel Aviv, 2005-2008).

Résumé

Il y a maintenant plus d'une dizaine d'années, Thomas Hylland Eriksen intitulait son introduction à l'anthropologie sociale et culturelle, Small places, large issues , et signifiait ainsi tout l'intérêt de l'articulation des échelles de travail et de réflexions et la tension qui préside à toute tentative visant à passer de l'observation (ethnologique) à l'interprétation. Dans notre lecture de l'appel à communications, le choix d'ouvrir une réflexion sur la rue face à la globalisation s'inscrit pleinement dans la perspective que se proposait d'explorer Thomas Hylland Eriksen car la mise en regard des mots « rue » et « globalisation » installe cette circulation de l'objet au concept qui fait de la rue une forme métonymique du changement social.
À partir de terrains de recherche menés dans les quartiers sud de Tel Aviv (Florentine et Neve Sha'anan), nous nous proposons donc de contribuer à cette réflexion en interrogeant les espaces considérés tant dans leur continuité historique que dans leur discontinuité sociale.
Tel Aviv est aujourd'hui l'exemple même d'une ville qui, de la rédaction de son plan stratégique à sa mise en scène touristique, cherche à dépasser l'image qu'elle hérite de la non-résolution du conflit israélo-palestinien. En ce sens, elle tend à se parer des attributs d'une ville générique où son « city profile » établi par la municipalité s'inscrit pleinement dans les dynamiques d'uniformisation et de standardisation que connaissent aujourd'hui de nombreuses autres métropoles. Tel Aviv trouve néanmoins la voie de ce processus de normalisation sans pour autant renier sa singularité. En effet, l'articulation minutieuse des échelles de référence permet à la fois la revendication de l'unicité de son urbanisme figuré par la Tel-Aviv « Ville blanche » – planifiée par Patrick Geddes et inscrite depuis peu au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO – et de l'ancienneté de son histoire méditerranéenne, en ancrant son développement dans la ville plusieurs fois millénaire de Jaffa. L'épaisseur historique de son appartenance régionale et la modernité précoce de son urbanité ont donc scellé les fondements de la ville de Tel Aviv. Avec la globalisation, c'est une strate supplémentaire de la « City's social fabric » qui est façonnée et de nouveaux équilibres –ou déséquilibres- qui s'installent. Ce sont donc les fondements même de la ville – et leur articulation aux nouvelles composantes de la globalisation – qu'il convient de réinterroger aujourd'hui.
L'entrée privilégiée ici consiste donc à observer l'espace de condensation de la globalisation qu'est la rue pour y lire les influences mutuelles issues des processus de patrimonialisation, de standardisation, de valorisation de la diversité culturelle ou encore de polarisation économique et sociale. Depuis l'échec du processus de paix issu des accords d'Oslo et la fermeture progressive des frontières d'Israël aux travailleurs palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, le développement d'une immigration non-juive (travailleurs étrangers et demandeurs d'asile principalement) recrutée à l'échelle mondiale a encore renforcé l'imbrication d'espaces et de sociétés distincts. C'est de ce « ‘coudoiement' d'individus tous différents » , producteur d'un nouvel ethnoscape israélien, que la rue devient l'espace privilégié d'une expérimentation de formes « d'être au monde » et de manières « de faire société » qui sont autant d'intentions ou de résultantes à explorer. Les quartiers du Sud de Tel-Aviv – à la fois centralité et espaces de relégation – sont alors les espaces les plus favorables à cette réflexion.
Par une méthodologie qui privilégie un recours à une « observation directe (et discrète) plus ou moins ‘participante' » pour reprendre les termes de Jacques Gurwirth , les objectifs poursuivis dans cette communication relèvent également d'une mise en question des modalités d'exercice de l'observation. Comment d'une monographie urbaine des quartiers sud de Tel Aviv mettre à jour les « fils enchevêtrés [d'une tapisserie] urbaine » qui figurerait la cristallisation à l'échelle locale de changements globaux. La tâche est d'autant plus difficile que la dimension éphémère et fugace de ces mises en visibilité peut conduire à une surinterprétation. L'expérience de la « Global'Rue » comporterait-elle en son sein ce désenchantement du chercheur qui, impuissant face aux transformations de la ville, « isole ce qu'il croit être des phénomènes, fractionne des touts, et tourne en vain autour d'une réalité introuvable » ? Une réalité, toujours provisoire et pourtant manifeste, qui constamment se montre et nous échappe en autant de traces à déchiffrer.

Domaines

Géographie
Fichier principal
Vignette du fichier
BERTHOMIERE_ROZENHOLC_LA_RUE_TEL-AVIV.pdf (360.45 Ko) Télécharger le fichier
Origine Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

halshs-00344665 , version 1 (05-12-2008)
halshs-00344665 , version 2 (13-10-2009)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-00344665 , version 1

Citer

William Berthomiere, Caroline Rozenholc. « Qui n'a pas rêvé, en flânant sur le boulevard des villes, d'un monde qui (...) débuterait avec les intentions ? » : La rue comme figuration de formes « d'être au monde » (sud Tel Aviv, 2005-2008).. Où en est la rue dans la globalisation? Standardisation, singularisation et régulation, Nov 2008, Bordeaux, France. ⟨halshs-00344665v1⟩

Collections

ETUDES-URBAINES
218 Consultations
171 Téléchargements

Partager

Gmail Mastodon Facebook X LinkedIn More