La visite de bibliothèque fait encore partie au XVIIIe siècle des étapes incontournables du voyage d'Italie, comme en témoigne le riche registre des visiteurs de la bibliothèque Laurentienne de Florence. Guidé par les prescriptions des guides, le voyageur l'est aussi par les procédures mises en place par les bibliothécaires pour canaliser ce public un peu particulier. Au cours de la visite, c'est tout un imaginaire de la bibliothèque qui se trouve confronté aux réalités italiennes, et parfois mis à mal. Les récits des voyageurs témoignent ainsi de l'évolution de la culture du voyage dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle : parfois remise en question comme inutile, la visite de bibliothèque peut déboucher sur un rejet radical de la culture livresque. Mais l'inflexion utilitaire du voyage amène aussi le voyageur à considérer, tout autant que les mirabilia qu'on lui présente traditionnellement, les composantes de l'« utilité publique » des bibliothèques.