L'étude présentée se situe dans la perspective des recherches portant sur le rôle de l'enseignement dans l'apprentissage des élèves en classe. Notre objectif est de travailler la relation entre savoir et interaction en tentant de comprendre comment les savoirs donnent leur forme à des interactions et comment les interactions amènent la substance du savoir en jeu. Partant du cadre théorique de la didactique comparée, les savoirs enseignés sont considérés comme une production conjointe du professeur et des élèves dans une classe. Ces savoirs doivent être reconstruits par le chercheur. Notre méthodologie est basée sur une reconstruction du savoir enseigné à trois échelles de temps et de granularité, en particulier à l'échelle microscopique. La reconstruction est fondée à cette échelle sur la décomposition du savoir en petits éléments, appelés facettes et sur l'analyse des processus de pensée en jeu dans la compréhension du monde matériel, appelés tâches épistémiques. Afin d'analyser les interactions en lien avec le savoir, nous procédons par un raffinement progressif des hypothèses, en ce sens où nous partons de la question générale des relations entre savoir et interaction et cherchons à faire émerger des « nœuds » où se jouent ces relations à partir de l'observation et l'analyse des enregistrements vidéo. A partir de l'analyse de la vie du savoir dans un thème particulier d'une classe nous montrons trois façons dont se nouent les relations savoir – interactions : (1) les règles du savoir, comme celles associées à des représentations symboliques vont imposer le contenu de l'interaction et lui donner une certaine forme ; (2) la forme des interactions elle-même va permettre aux différents acteurs d'exprimer leur vision du monde ; (3) les difficultés des élèves vont initier l'interaction et le savoir introduit en réponse à ces difficultés va fortement influencer la forme des interactions, et va élargir voire modifier l'objet de la transaction.