De haut en bas et de la base au sommet: les parcours de la verticalité.
Résumé
Si une approche conceptuelle du lexique permet de mettre en évidence les mécanismes de pensée très généraux qui traversent de grands ensembles de mots, elle ne rend pas pour autant superflue l'étude linguistique des micro-systèmes lexicaux auxquels les mots appartiennent de manière spécifique. Ainsi les deux couples d'antonymes "haut"/"bas" et "base"/"sommet", s'ils illustrent la célèbre formule de Lakoff et Johnson selon laquelle "Le bon est en haut", n'en possèdent pas moins un fonctionnement propre qui se révèle à travers leurs contextes d'emploi et qui témoigne de la complexité et de l'ambivalence des représentations liées à la verticalité. "Haut" et "bas" s'opposent sur le mode de la discontinuité et de l'antagonisme, tandis que "base" et "sommet" expriment de manière continue l'ascension jusqu'à un point suprême. Si le couple "haut"/"bas" permet d'exacerber certains clivages ("France d'en haut"/"France d'en bas"), "base" n'a pas vocation à s'opposer à "sommet". Pour dire la conflictualité sociale, on devra construire de nouvelles antonymies, la base se dressant contre ceux d'en haut et les sommets suscitant de leur côté des contre-sommets.
Loading...