On doit à Christian Lauranson-Rosaz, dans les années 1980, d'avoir précisé l'origine d'Adélaïde-Blanche d'Anjou et d'avoir compris dans un contexte politique large les quatre mariages de cette fille du comte d'Anjou, Foulques le Bon († 958), née vers 950 et décédée en 1026 en Provence, dans les domaines de son dernier mari. Elle aurait été, par ses mariages successifs, « une reine dans l'échiquier » de la politique angevine dans le Midi, permettant le renouvellement ou l'établissement d'alliances avec de grandes familles méridionales, et servant d'atout dans les relations des comtes angevins avec les derniers souverains carolingiens, puis avec les premiers capétiens .
Au-delà des enjeux « géopolitiques » que la comtesse a pu polariser et de l'image de la femme comme d'un instrument dans les stratégies familiales, la documentation existant sur Adélaïde — notamment plus d'une trentaine d'actes diplomatiques, en grande partie d'origine provençale — permet de mésurer son action en tant que comtesse en Provence à l'aune des comtes provençaux contemporains, de la mettre en relation avec son statut à l'intérieur de la parentèle (sœur, épouse, veuve, mère, belle-mère, grand-mère), de s'interroger sur le poids de l'âge, sur la sédimentation ou la superposition des rôles d'une longue histoire de vie, enfin, de tenir compte des différents éléments qui ont pu jouer dans son parcours dans l'exercice d'un pouvoir comtal alors que se mettait en place l'ordre seigneurial.